Synopsis
Marciac, petite commune du Gers, est bien connue des amateurs de jazz, au-delà des frontières de l’hexagone, pour son célèbre festival aoûtien. Moins connu en revanche est son collège, sauvé de la fermeture en 1993 par Jean-Louis Guilhaumon, son principal, également maire du village, grâce à la création d’un atelier d’initiation au jazz intégré à l’enseignement commun. Externes ou internes, ce sont quelques-uns de ces apprentis musiciens, élèves de quatrième et troisième, que suit ce documentaire, construit en quatre temps autour d’une rencontre qui les marquera. Nous découvrons d’abord, dans leur vie au collège, Jodie, la chanteuse blonde, Bastien et Étienne au saxo, Hugo au piano, Jules à la trompette, Lucas à la basse, David à la batterie et Côme au trombone. De cours en répétitions, leurs professeurs les sensibilisent aux sources africaines du jazz. Vient ensuite, au printemps, la rencontre avec le groupe guinéen Folifö. Héritier spirituel du grand saxophoniste Momo Wandel, dit le Doyen, ce groupe, qui doit participer au festival, arrive avec ses instruments (balafon, djembé...). Les jeunes Français, curieux et passionnés, se familiarisent avec cette autre approche de la musique, moins formelle mais tout aussi exigeante, où la transmission est orale et où l’on bricole soi-même son instrument. Au fil des jours, en jouant avec les Guinéens, les collégiens sont prêts à accompagner, lors d’une grande soirée du festival, ceux qui leur ont tant appris. Et puis il y aura, quelques mois plus tard, le voyage à Conakry, minutieusement préparé à Marciac par les enseignants et les élèves, si désireux de prendre sur place la mesure de ce qui constitue cette culture musicale africaine que Folifö leur a apportée. Accueillis avec chaleur et simplicité par les familles des musiciens, les collégiens découvriront à la fois la joie de vivre et la pauvreté, l’énergie du travail et la convivialité des relations. L’émotion sera à son comble quand la veuve de Momo Wandel leur permettra de jouer de son saxo, pieusement conservé. C’est par le truchement du réalisateur Laurent Chevallier que cette rencontre, filmée au cours de longs mois, a pu avoir lieu. Il fut en effet très proche de Momo Wandel, avec lequel il entretenait un rapport quasi filial et auquel il confia la musique de la plupart de ses documentaires sur l’Afrique guinéenne (L’Enfant noir, Circus Baobab...). Réalisé selon un dispositif classique, alternant captation de répétitions, sessions et concerts, rencontres et entretiens avec les élèves, le film, malgré l’intérêt de ce qu’il donne à découvrir, souffre parfois de quelques longueurs. Néanmoins, le dynamisme de certaines séquences, le bouleversement "africain" de ces très jeunes gens et, pour certains (Étienne et Jodie en particulier), la pertinence et la profondeur de la réflexion, sont communicatifs. Au-delà d’une forme un peu "pépère", cette chronique rend justice à ce qui est, pour l’essentiel, son propos : la musique comme vecteur de re-connaissance.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
