Shirin (2008) Abbas Kiarostami

Shirin

Pays de productionIran
Sortie en France20 janvier 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée94 mn
DistributeurDiaphana pour MK2 (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurAbbas Kiarostami
ProducteurAbbas Kiarostami
ProducteurHamideh Razavi
Distributeur d'origine MK2 Diffusion (Paris)
MonteurAbbas Kiarostami
MonteurArash Sadeghi

générique artistique

Golshifteh Farahani(dans son propre rôle)
Mahnaz Afshar
Niki Karimi
Taraneh Alidousti
Juliette Binoche

Bibliographie

Synopsis

Dans une salle de cinéma, probablement à Téhéran, un large public, essentiellement féminin, assiste à la projection d’un film : Shirin, adaptation cinématographique d’un classique de la littérature perse du Xe siècle. Tirée du Livre des Rois - première grande épopée nationale en langue persane - reprise au XIIe siècle par le poète Nezâmi de Gandjeh, cette histoire (qui a servi de modèle au Roméo et Juliette de Shakespeare) raconte les amours contrariées de Shirin et Khosrow, de princière ascendance. Des images et des plans dont le public s’émeut, nous ne verrons... rien. Il est parfaitement possible en revanche de comprendre ce qui se joue entre Shirin et Khosrow, puis entre Shirin et le tailleur de pierre Farhad - rien moins que l’efflorescence de l’amour et les tourments qui s’ensuivent - grâce à une bande-son sophistiquée, véritable sismographe d’une histoire d’amour muée en épopée douloureuse. Pendant que Shirin et Khosrow endurent les souffrances d’un amour contraire à la raison d’État, nous regardons, un à un, les visages des 108 actrices qui assistent à la projection, visages sur lesquels se lit, outre le jeu des lumières et des reflets de l’écran, l’ensemble infini des émotions que fait naître le film : l’inquiétude, la joie, la tristesse, le désarroi, l’horreur devant la violence... toutes choses qui font vaciller ou trembler l’intelligence. Film dispositif autant que film concept, Shirin s’apparente à un bûcher de questions : entendre un film revient-il à le voir ? Face à la prolifération exponentielle des images, peut-on imaginer un film fondé sur leur absence et leur disparition ? Le visage du spectateur, qui incarne habituellement l’ultime hors-champ du film, peut-il en devenir le coeur ? Le visage et le coeur, nous y voilà, forment le centre nucléaire de Shirin. Chacun des deux amants s’éprend de l’autre pour avoir vu son visage en portrait. En nous obligeant à regarder le visage des femmes d’Iran, peut-être nous est-il demandé - ainsi qu’à tous les hommes d’Iran - de le voir enfin, et de l’aimer. De le découvrir. De comprendre qu’il est traversé des mêmes séismes nés du sens et des émotions, qu’il est, au même titre que le nôtre, l’un des signes de notre irréductible humanité. D’une radicalité folle, Shirin est un film siamois. Comme si deux oeuvres se partageaient un seul corps, un seul écran et qu’il était impossible, dès lors, de déterminer lequel nourrit l’autre, lequel des deux regarde l’autre. Sans doute pose-t-il comme aucun autre la question du regard. Du regard que nous posons sur le cinéma, et peut-être davantage encore de celui que nous posons les uns sur les autres. Il n’est pas interdit enfin de se souvenir qu’autrefois, les films d’Abbas Kiarostami, moins austères, moins arides, se concluaient généralement sur une fin heureuse. Que ce soit dans Où est la maison de mon ami ?, dans Au travers des oliviers, dans Le Goût de la cerise ou dans Le Vent nous emportera, une forme d’espoir et de joie finissait par l’emporter sur le reste. On peut en éprouver une certaine nostalgie.
© LES FICHES DU CINEMA 2010
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