De son appartement (2007) Jean-Claude Rousseau

Pays de productionFrance
Sortie en France01 décembre 2010
Durée69 mn
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Générique technique

RéalisateurJean-Claude Rousseau
Distributeur d'origine Pointligneplan (Paris)
Directeur de la photographieJean-Claude Rousseau
Ingénieur du sonJean-Claude Rousseau
MonteurJean-Claude Rousseau

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

La collection pointligneplan regroupe un exigeant catalogue d’oeuvres cinématographiques se situant à la lisière de l’art contemporain. Des films fortement imprégnés d’art plastique, travaillés par une conscience formelle élevée et dont les auteurs, mus par une démarche artistique personnelle, sont à mille lieues de l’industrie de l’"entertainment". Le fait que le film de Jean-Claude Rousseau appartienne à cette collection permet donc de le situer dans une démarche créative particulière, ce qui paraît nécessaire pour bien l’appréhender. Car, sans cela, le film promet de désarçonner complètement le spectateur, trop souvent habitué à être pris par la main. Ni fiction, ni documentaire, De son appartement est une sorte d’essai intime, d’oeuvre en liberté, cousin lointain du cinéma des Straub (le film est d’ailleurs dédié à Jean-Marie Straub), nourri de l’intérieur par la lecture de Bérénice. Le titre même du film emprunte à l’un des alexandrins de la pièce. Mais la résonance s’arrête là. Racine est loin, les personnages qui hantent Bérénice encore plus. De la tragédie, il ne reste qu’un écho fragile à travers la voix du cinéaste lui-même, (quasi) unique présence humaine à l’écran. Celui-ci prête son corps et sa voix à un homme âgé, solitaire, casanier, qui occupe ses journées à lire à voix haute des bribes de Bérénice, à accomplir de menues tâches ménagères, à ouvrir son courrier, à écouter la radio, ou à contempler le monde de sa fenêtre. Rares sont ses escapades hors des murs de son appartement. Sa vie semble se résumer à la succession répétitive de petits gestes, à un état d’attente un peu lasse, comme s’il vivait dans un sas à l’abri du monde, son appartement devenant une salle des pas perdus où se font entendre les fantômes des voix de Titus, Bérénice, Antiochus... Lui-même, bien que filmé dans un espace intime et fermé, ne semble pas tout à fait incarné à l’écran. Il échappe. En effet, les cadrages se concentrent le plus souvent sur ses pieds, ses mains, son dos, et lui coupent généralement la tête. La caméra de Jean-Claude Rousseau fragmente le réel en pans de murs, recoins, morceaux de porte ou de fenêtre, de telle manière que notre vision est toujours parcellaire, comme si le visible jouait à cache-cache avec nous. On ne sait rien de cet homme, son habitat donne peu d’indices : on en aperçoit un bout de piano droit, une pierre décorative, un fauteuil, un lavabo décati, un pan de rideau de douche, un bout de couloir avec miroir... C’est un appartement marqué par l’usure des ans, mais au sein duquel, pourtant, le temps semble comme arrêté. Le cinéaste est dans une écriture du fragment : fragments de texte (la pièce de Racine), fragments de lieu, fragments de corps. Il découpe l’espace et le temps en un montage fondé sur la répétition des motifs sonores ou visuels : sonnerie, porte d’entrée, fauteuil, cigare, radio, lettres... De quoi hypnotiser le spectateur curieux de formes cinématographiques nouvelles. Mais de quoi aussi l’ennuyer fermement...
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