Synopsis
Kupela est une petite ville du Burkina Faso. En cette veille de St-Valentin, l’air s’y fait amoureux, et les sentiments et les paroles circulent. Jean-Marie, la belle soixantaine, est marié depuis bien longtemps. Il vit en harmonie avec sa femme "dont seule la mort pourra le séparer", ses enfants, beaux-enfants et petits-enfants dans une cour commune. À l’aube, il les salue et part en vélo à la pêche. En chemin, il dirige un photographe tombé en panne vers le garagiste de Kupela. Ousmane a 20 ans et l’âme rêveuse. En stage à Ouagadougou, il a rencontré Balie. Ce fut le coup de foudre, mais plus de cent kilomètres les séparent et ils ne se sont revus que deux fois. Cela n’empêche pas Ousmane d’entretenir sa flamme en écrivant sans cesse poèmes et lettres d’amour dans l’attente de pouvoir rejoindre sa belle. Pour célébrer ce jour de l’amour, l’association Cinomade organise une grande soirée, avec projections gratuites en plein air, suivies de débats sur le thème "amour, sexe et sida", auxquels participeront jeunes gens et spécialistes. L’équipe parcourt la ville pour recueillir des témoignages. De son côté, la radio locale a lancé un grand concours. Les amoureux et amoureuses, tous âges confondus, s’expriment par textes parfois illustrés. Certains sont choisis pour les dire au micro. Des lycéens discutent conditions féminine et masculine dans la vie amoureuse. Le photographe, dépanné par le garagiste, doit rester le temps de la réparation de sa voiture. Les photos épinglées du mariage du garagiste lui donnent une idée : lors de la fête de la St-Valentin, où vient chanter une star de la musique burkinabé, il tire le portrait des couples présents. Ousmane est absent, en route pour retrouver enfin Balie... Ces récits africains d’amour croisés rejoignent l’universel amoureux bien au-delà de leur contexte géographique, économique ou culturel. C’était l’intention et le but, tout à fait atteint, des deux documentaristes, Maria Silvia Bazzoli, organisatrice de festivals tournés vers le cinéma africain et dont c’est le premier film, et Christian Lelong. Ce dernier, anthropologue de formation et familier du continent africain, signe ici son deuxième long métrage. Ils ont adopté un dispositif qui, comme c’est de plus en plus fréquent, se situe à la charnière entre la fiction et le documentaire, et qui se révèle particulièrement réussi. Pas d’acteurs donc, mais des personnages qui, dans le cadre d’une mise en scène et grâce à elle, expriment leurs sentiments. Les discours ainsi suscités acquièrent une sincérité et une vérité très touchantes, dont l’humour n’est parfois pas exclu. Substrat africain, thématique éternelle et réalisateurs européens s’imbriquent intimement pour donner, en marge des images habituelles de conflits ou de famine que l’Afrique produit, un panorama d’une société en mutation, où l’amour, comme chez nous, cristallise questions et inquiétudes, élans et doutes, sérénité et bouillonnements. Un film choral et coloré qui dégage un charme certain.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
Réalisateur