Synopsis
Colonie belge jusqu’en 1960, l’actuelle République Démocratique du Congo (RDC), ex-Zaïre, possède, dans le sol de sa vaste province du Katanga, des richesses minières inouïes (cuivre, manganèse, cobalt...) qui auraient dû la mettre à l’abri de la misère. Ce qui est loin d’être le cas... Fleuron de l’industrie coloniale, l’Union Minière du Haut Katanga fut nationalisée sous le nom de Gécamines par Mobutu, qui pilla tant et si longtemps ce trésor qu’il le laissa exsangue. Ce documentaire revient sur la genèse du désastre, et dresse un tableau complet des tentatives de relance de l’industrie minière du Katanga, possible depuis la récente démocratisation de la RDC, dont le président Joseph Kabila (successeur de son père) fut élu au suffrage universel en 2006. Il nous en présente les acteurs et les différents aspects. Paul Fortin, avocat canadien, nommé par Kabila sur les fonds de la Banque Mondiale, s’évertue depuis 2005 à relever ce qui reste du géant abattu qu’est la Gécamines. Il négocie la plupart des partenariats avec les investisseurs privés ou étatiques, dans le souci constant de privilégier les travailleurs. Ces derniers se sont opposés, par une grève, à son limogeage annoncé. Le Belge George Forrest n’a jamais quitté le Congo, où son père s’était établi en 1922. Sa société, Malta Forrest, est le plus important employeur de la RDC. Ancien ingénieur de la grande mine de Kamoto, René Nollevaux revient au Katanga en tant que patron très motivé par cette reprise d’activité. Monsieur Min est un ingénieur chinois. Pour le compte de son gouvernement, qui est prêt à investir des milliards de dollars dans les infrastructures congolaises pour une meilleure rentabilité, il vient signer le "contrat du siècle". Le charismatique gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, homme d’affaires riche et influent, navigue au près entre une réelle préoccupation du sort des plus déshérités, son ambition politique et son envie de moderniser son pays fut-ce au prix de la mondialisation. Et puis il y a les déshérités : ces "creuseurs" qui, pour survivre, exploitent, de façon dangereuse et illégale, quelques arpents de concessions et les ouvriers employés par les entreprises étrangères, souvent sous-payés. Les révoltes éclatent, qu’il faut juguler si les discours apaisants ne marchent pas. Construit comme une sorte de western (en témoigne l’affiche où Katumbi, chapeau sur la tête, fait figure de héros un peu inquiétant), Katanga Business réussit, malgré la complexité des situations exposées, à passionner de bout en bout et à rendre intelligible les multiples facettes d’enjeux économiques colossaux. Le mérite en revient au réalisateur Thierry Michel, qui connaît parfaitement son sujet. Précédemment auteur de Mobutu, roi du Zaïre et de Congo River, les liens et les réseaux qu’il a su tisser au fil des ans en RDC lui permettent d’être au bon endroit, au bon moment, et de capter des séquences incroyables, parfois violentes ou cocasses, toujours intéressantes, montées avec un vrai sens de la progression dramatique.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
