Une affaire de Nègres (2006) Osvalde Lewat

Une affaire de Nègres

Pays de productionCameroun ; France
Sortie en France23 septembre 2009
Procédé image35 mm - Couleur
Durée90 mn
DistributeurFilms du Paradoxe (Les) (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurOsvalde Lewat
Assistant réalisateurEloi Bela Ndzana
ScénaristeOsvalde Lewat
Coproduction AMIP - Audiovisuel Multimédia International Production (Paris)
Coproducteur Waza Images (Yaoundé)
Producteur déléguéXavier Carniaux
Producteur déléguéElisabeth Marliangeas
Distributeur d'origine Les Films du Paradoxe
Directeur de la photographiePhilippe Radoux-Bazzini
Ingénieur du sonAntoine Mbesse Amougu
Ingénieur du sonEdimo Dikobo
Compositeur de la musique originale Rasyn
MonteurDanielle Anezin

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

En exergue de ce remarquable opus, la réalisatrice Osvalde Lewat cite Woyle Soyinka, premier prix Nobel de littérature africain : "On dit des Africains qu’ils ne sont pas prêts pour la démocratie, alors je m’interroge : ont-ils jamais été prêts pour la dictature ?" Si Lewat a intitulé son documentaire Une affaire de nègres, c’est en raison de l’étrange distance qu’ont les Européens, et en particulier les Français, encore englués dans la "Françafrique", vis-à-vis de l’Afrique Noire. Excepté lorsqu’il s’agit de génocides ou de massacres tribaux, nous sommes assez indifférents à la nature des régimes africains. Les dictatures sont parfois appelées "démocraties avancées" : c’est ainsi qu’a été qualifié le Cameroun du Président Paul Biya, au pouvoir depuis vingt-deux ans. Tout cela parce qu’il ne fait pas parler de lui ! L’absence du nom du chef d’État dans le film est-elle volontaire, ou s’explique-t-elle par une volonté de se couvrir (le film ayant été tourné de façon quasiment clandestine, sans la moindre autorisation gouvernementale) ? Il faut dire que le documentaire aborde un sujet sensible. Biya, en poste depuis 1982 (après la démission du Président Ahidjo), élu démocratiquement en 1992 lors d’un scrutin entaché de fraudes, puis réélu en 1997 (et, depuis, en 2004) a fondé en février 2000 une unité spéciale, chargée de la répression du grand banditisme. Son nom : Commandement Opérationnel. Elle était la réponse proposée par le gouvernement à l’insécurité qui régnait au Cameroun... Le C.O. a donc pour mission de rassurer les citoyens camerounais et de juguler la criminalité. Pourtant, cette unité d’élite, dont les méthodes peuvent, très justement, évoquer celles des militaires brésiliens décrits dans Tropa de elite (2008), s’est mise à son tour à commettre des exactions. Sans autre forme de procès, des individus furent exécutés, souvent pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis. Lewat ne prêta pas beaucoup d’attention à la création du C.O., comme la plupart de ses concitoyens. C’est sa rencontre avec Richard Nzamyo, qui assista au meurtre de son fils par des militaires, qui fut l’élément déclencheur d’une prise de conscience pour la réalisatrice. Pour elle, "la question est de savoir si toute personne, accusée de contrevenir à la loi, a droit à un moyen de défense, à un procès qui permette d’établir la vérité des faits". Avec Une affaire de nègres, Lewat a voulu donner la parole aux familles des victimes, ainsi qu’à un avocat, Momo Jean de Dieu. Celui-ci, extraordinaire personnalité, défend les pauvres et vient en aide aux familles des disparus. Pour Lewat, il est un "héros", celui qui constate que "tant que c’est une affaire de nègres, les gens n’en ont rien à faire"... Lewat rencontre aussi un ancien membre du C.O. : ce dernier témoigne implacablement de son expérience d’exterminateur, sans laisser poindre le moindre remords... Bien que n’étant pas passionnant d’un strict point de vue de cinéma, Une affaire de nègres est un documentaire indispensable pour comprendre la réalité des régimes africains.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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