Synopsis
Plaqué pour la énième fois par une petite amie, Chris Waitt, jeune réalisateur indépendant britannique, décide de faire d’une pierre deux coups : comprendre enfin pourquoi, à 30 ans passés, sa vie sentimentale et sexuelle est un désastre, et en tirer un long métrage documentaire en forme d’enquête amoureuse. Persuadé que ses "ex" seront ravies de le revoir, il entame, à l’aide de son calepin de toujours, une campagne d’appels téléphoniques... et n’essuie que des refus. Armé d’une caméra, d’un micro et d’un ami qui le suit en filmant, il se résout à aller tirer les sonnettes de ses ex. Quelques portes claquées au nez plus tard, il se rend dans sa ville natale, chez sa mère, qui a conservé les lettres de ses amoureuses. Entre jugement sévère et amour pour "son Christopher", elle lui obtient quelques rendez-vous. Au fil de brèves retrouvailles avec Dawn, Olivia (puis plus tard Za, Danielle, etc.), Chris commence à voir ce qui, en lui, a fini par lasser ses ex. Car le tableau n’est pas brillant : immature, peu fiable, bordélique, je-m’en-foutiste, il traîne à 30 ans un look grunge à la Kurt Cobain. Retour à Londres. Tout en s’inscrivant sur le site MySpace, sur une idée de son amie Marie, il se confie à sa caméra et reconnaît souffrir depuis trois ans, date de sa rupture avec Vicky, sa plus longue relation, de sérieux problèmes d’érection. Poussé par quelques filles, il tente d’y remédier. L’aspect médical écarté, il essaie l’hypnose, le sport, le sadomasochisme, la psychothérapie et finit par avaler plusieurs Viagra qui le mettent dans un tel état qu’il se retrouve à parcourir les rues de Londres en suppliant toutes les passantes de coucher avec lui. C’est ainsi qu’il rencontre Alex. Avant de revenir vers elle pour envisager une vraie histoire, il revoit Vicky, enceinte d’un autre mais encore fragile de leur amour. Les larmes qu’ils versent tous deux durant l’entretien sont salvatrices. Ce documentaire "auto-centré" et un brin égotiste devait, selon son auteur, privilégier un ton de comédie légère et d’autodérision, propre à réjouir le public, et (sans doute de surcroît) à obtenir l’indulgence du jury féminin. Force est de constater qu’il y réussit et que plusieurs séquences sont très drôles : les réactions des ex, sa mère, hilarante d’affection bourrue, la succession des thérapies foireuses, son errance "priapique"... Mais, sincérité et/ou roublardise, bien malin qui tranchera. Car le film, en cours de tournage, prend, tout en conservant un humour constant, une dimension plus grave, plus douloureuse et du coup extrêmement touchante. Dégaine de loser dépressif malgré son joli minois, exposant à qui veut l’entendre son impuissance sexuelle, ses défauts nombreux et sa désinvolture coupable envers les autres, Chris Waitt, sujet et objet de son propre film, réussit à nous faire rire et pleurer sur son sort. Le tout avec trois francs six sous, des amis très fidèles, un montage astucieux, une bonne dose d’intelligence, une once de tendresse et de l’humour, encore de l’humour. Chapeau, l’artiste !
© LES FICHES DU CINEMA 2009