La Vie ailleurs (2008) David Teboul

Pays de productionFrance
Sortie en France03 juin 2009
Procédé image35 mm - Couleur
Durée64 mn
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Générique technique

RéalisateurDavid Teboul
ScénaristeDavid Teboul
Société de production Les Films d'Ici (Paris)
Société de production Arte France Cinéma
Directeur de la photographieAntoine Parouty
Ingénieur du sonFabien Krzyzanowski
MonteurAnne Baudry

générique artistique

Anne Baudry(la narratrice)

Bibliographie

Synopsis

Le documentaire est un genre cinématographique qui résiste peu à l’hétérogène. S’astreindre à simplement enregistrer le réel est une tâche complexe, un but quasi inaccessible. Il est, en effet, parfois difficile de résister à la tentation démiurgique de tordre le réel, de le faire parler de sa voix ou de le soumettre à sa propre subjectivité. La Vie ailleurs est d’essence documentaire (il se confronte à une réalité), mais c’est aussi un essai autobiographique, une tentative pour mêler une écriture du souvenir avec le témoignage de personnes dont l’expérience, la souffrance ou les manques font sans doute écho à l’expérience intime du réalisateur. La Vie ailleurs parle de déracinement et d’enfermement (géographique ou mental). Il y est question de la douleur de quitter une terre natale, une culture ou une famille pour se retrouver nulle part, dans un no man’s land où la vie s’étiole, une zone intermédiaire où la vraie vie est ailleurs : la banlieue, ici ou ailleurs. Une voix off raconte l’enfance d’un homme qui pourrait être David Teboul, le réalisateur. Elle évoque son installation dans une banlieue anonyme, sa découverte de l’ennui, la difficulté de s’en extirper. Le texte est très écrit et s’appuie sur les images d’un corps nu, endormi. Peut-être est-ce un songe ? En contrepoint, nous rencontrons d’autres déracinés : deux petites filles de culture gitane qui se retrouvent sédentarisées et donc coupées de leur peuple, une personne de petite taille, nostalgique de l’anonymat protecteur de la capitale. Un jeune homme dans une tour HLM, passionné de musique, rêve qu’il est enfermé dans une cage. Une famille élargie vit dans plusieurs tours d’une même cité... Une vieille dame, pourtant, affirme avoir trouvé un havre dans le petit pavillon qu’elle occupe depuis 80 ans. Les regards de la plupart sont tristes, tournés vers l’extérieur, là où semble être la vraie vie. Les protagonistes posent devant la caméra qui balaye leur intérieur avec de lents panoramiques. Cet aller-retour entre l’intime et des situations censées répondre ou appuyer les souvenirs du narrateur peut poser problème. D’abord, par le refus de hiérarchiser les souffrances. L’ennui qui pèse sur le narrateur n’est pas forcément de même nature, ni aussi aigu qu’une souffrance sociale ou une rupture amoureuse évoquées par d’autres. La diversité des situations est nivelée par le regard de l’auteur, empathique certes, mais qui semble assujettir ses personnages à sa propre histoire, au souvenir de sa douleur. La mise en rapport d’une écriture de l’intime, poétisant un état de mal-être, avec une détresse actuelle, ressentie au présent dans la chair des protagonistes, déséquilibre le discours du film. On a du mal à se dégager de la sensation que les témoignages ne sont là que pour incarner la douleur maintenant disparue du réalisateur. Le film s’achève d’ailleurs sur la liberté conquise par ce dernier. On ne peut s’empêcher de penser à ceux qui restent.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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