Kommunalka (2008) Françoise Huguier

Pays de productionFrance
Sortie en France24 juin 2009
Procédé image35 mm - Couleur
Durée97 mn
DistributeurFilms du Paradoxe (Les) (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurFrançoise Huguier
ScénaristeFrançoise Huguier
ScénaristeMano Siri
Société de production Les Films d'Ici (Paris)
Société de production Ciné Cinéma
Directeur de productionCécile Peyre
Distributeur d'origine Pierre Grise Distribution (Paris)
Directeur de la photographieKatell Djian
Ingénieur du sonAndré Rigaut
MonteurMathilde Muyard

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Voici quelques années maintenant, Françoise Huguier, photographe à Libération, aux Cahiers du cinéma, a loué pour plusieurs semaines une chambre dans un appartement communautaire de Saint-Pétersbourg dont elle a abondamment photographié les locataires. Un logement vétuste où des jeunes et des moins jeunes, de toutes origines, des actifs et des retraités de toutes classes sociales ont à partager des espaces communs, cuisine et salle de bains, à supporter les manies des uns et des autres, à surmonter les épreuves quotidiennes nées d’une étroite cohabitation, à protéger ce qui leur tient lieu de vie privée. Les années ont passé, puis a germé l’envie d’y retourner pour réaliser, avec d’autres perspectives et d’autres enjeux, un film documentaire. Rien n’a changé, ou si peu : la plupart des habitants n’ont pas déménagé, Tatiana, la plus ancienne des locataires, règne toujours en maîtresse des lieux. À travers les différents témoignages, une vision de la société russe d’aujourd’hui se dessine. Une vision empreinte d’une grande mélancolie, d’un poignant sentiment de déshérence, de paupérisation galopante. Comme s’il s’agissait de passer de l’autre côté du miroir, de découvrir les coulisses, l’envers du boom économique qu’a connu la Russie tout au long des années 2000. Si la Sainte Russie a largement ouvert les bras à l’économie de marché comme à la propriété privé, les appartements communautaires, symboles du marxisme à la soviétique, n’ont donc pas disparu pour autant : c’est une première surprise. Ce sont ces vestiges d’un monde aujourd’hui révolu que F. Huguier s’est employé à filmer, pendant de longs mois. Moins les appartements à proprement parler, d’ailleurs, que ceux qui les habitent, tant la pâte humaine semble être son beau souci, son impérieuse préoccupation. On devine sans peine ce que fut la mise en route d’un tel projet, les protocoles d’apprivoisement, le travail d’effacement de la cinéaste, des techniciens, l’enjeu de pouvoir qu’a représenté aux yeux des locataires, leur présence, celle de la caméra, l’attention accordée à l’un ou l’autre des protagonistes. Ainsi Kommunalka fait-il un audacieux pari, emporté haut la main : intégrer une équipe de cinéma, aussi réduite soit-elle, dans un lieu où, par nature, règnent la promiscuité et la défiance, où l’intimité n’existe pas. Aux frontières du documentaire animalier, F. Huguier cherche, plus qu’à capter la vérité des êtres, la vérité de ce qu’ils mettent en jeu, ou en scène, la posture dans laquelle ils ont trouvé la possibilité de vivre, de survivre, de ne pas se dessécher tout à fait. Ce faisant, Françoise Huguier malmène et tord le cou à l’éternel cliché de l’âme russe. Ce qui palpite entre les murs délavés du kommunalka de la rue Sovetskaïa, à Saint-Pétersbourg, c’est un exceptionnel concentré d’humanité douloureuse dont le cri silencieux déchire tout à la fois la beauté des plans et la conscience spectateur.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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