Irène (2008) Alain Cavalier

Pays de productionFrance
Sortie en France28 octobre 2009
Durée77 mn
DistributeurPyramide (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurAlain Cavalier
Collaborateur scénaristiqueFrançoise Widhoff
Société de production Camera One (Paris)
Société de production Pyramide Productions (Paris)
Société de production Arte France Cinéma
ProducteurMichel Seydoux
Producteur associéFabienne Vonier
Distributeur d'origine Pyramide Distribution (Paris)
MixeurFlorent Lavallée

générique artistique

Alain Cavalier(dans son propre rôle)

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Synopsis

À la mort de sa mère, Alain Cavalier, 78 ans, ressent l’urgence de consacrer un film à celle qui partagea sa vie à la fin des années 1960 et se tua en voiture en janvier 1972 : Irène, donc ; Irène, enfin. Irène Tunc, Miss France 1954, mannequin puis actrice de seconds rôles, entre autres pour R. Enrico, Resnais, Truffaut et Cavalier lui-même (dans La Chamade). Mais ce n’est pas de cette Irène publique que Cavalier veut nous parler, c’est de son Irène, de leur relation amoureuse, orageuse, passionnée, douloureuse parfois. Comme il le fait maintenant depuis des années, le "filmeur" prend donc sa caméra numérique et, l’oeil rivé à son viseur, revisite des lieux et des objets qui gardent encore la trace de l’absente. Au long de cette reconstruction de leur histoire, Cavalier se parle et nous parle, mezzo voce, d’elle et lui avant l’accident, de lui maintenant aussi. Comment peindre celle qui n’est plus ? Comment décrire l’intimité dissoute de deux corps et deux âmes ? Cavalier hésite, filme ses carnets quotidiens de 1970 à 1972, veut les brûler, renonce, s’y plonge et nous y plonge. Il filme la maison où il a attendu en vain le retour d’Irène, nous dit la sidération anesthésiante, la culpabilité. Il est tenté d’abandonner son projet ou de faire incarner Irène par Sophie Marceau. Les deux s’avèrent impossibles : la figure d’Irène est trop présente, exigeante en quelque sorte. De chambres d’hôtel en maisons prêtées, du Nord au Sud, de Paris à Lyon, Cavalier nous donne à imaginer une Irène qui ressemble à ses souvenirs, qu’il fait surgir pli à pli, au fil d’un lent dévoilement presque impudique et pourtant magnifique. Si l’on excepte quelques photos d’Irène, si belle, si charnelle, et une séquence où le cinéaste se filme dans un miroir après une chute, la représentation humaine est absente de ce récit qui ne parle pourtant que d’humanité. C’est à l’aide de quelques objets que Cavalier permet aux souvenirs de s’incarner. Une couette pliée : c’est une des attitudes d’Irène ; un oeuf, une pastèque et une pince suffiront pour évoquer à la fois la naissance de Cavalier et l’avortement qui mutila Irène... "Je suis un subjectif qui ne se nourrit que d’objectif" a dit le cinéaste lors d’une conférence à la Cinémathèque. Cette phrase prend ici tout son sens. Car, si Cavalier ne s’épargne pas et creuse sans ménagements ses remords, c’est effectivement de sa mémoire seule, de son regard, de sa voix qu’Irène renaît pour nous, avec sa fragilité, son instabilité, ses souffrances mais aussi sa générosité, sa fougue, sa grâce. La rigueur de l’écriture et du montage sous-tend cette enquête qui creuse la singularité d’un amour unique pour atteindre à l’universel. Le Tombeau (hommage à un ou une disparue) était un genre musical et poétique. Grâce à Cavalier, au passionnant et bouleversant mausolée qu’il a construit pierre à pierre pour Irène, et qui abritera désormais leur amour, c’est devenu également un genre cinématographique.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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