My Winnipeg (2007) Guy Maddin

Winnipeg mon amour

Pays de productionCanada
Sortie en France21 octobre 2009
Procédé image35 mm - NB - Couleur
Durée80 mn
DistributeurE.D. Distribution (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurGuy Maddin
ScénaristeGuy Maddin
ScénaristeGeorge Toles
Société de production Buffalo Gal Pictures (Manitoba)
ProducteurPhyllis Laing
ProducteurGuy Maddin
ProducteurJody Shapiro
Distributeur d'origine ED Distribution (Paris)
Directeur de la photographieJody Shapiro
DécorateurRejean Labrie
MonteurJohn Gurdebeke

générique artistique

Darcy Fehr(Guy Maddin)
Ann Savage(la mère)
Amy Stewart(Janet Maddin)
Louis Negin(Cornish)
Brendan Cade(Cameron Maddin)
Wesley Cade(Ross Maddin)

Bibliographie

Synopsis

Guy Maddin consacre ce film à Winnipeg, sa ville natale, où il a toujours vécu. Mais il le fait de façon étrange. Classiquement, un documentariste cherche à nous faire oublier que ce qu’il nous montre procède de choix arbitraires et tente de nous faire croire que le film s’identifie avec l’action qu’il relate en la prenant sur le vif. Le cinéaste canadien, lui, assume sa subjectivité. Dès le début, il évoque des souvenirs d’enfance sous forme de bouts d’essais, avec claps conservés à l’image. Certains fragments qui forment la vaste élégie visuelle qu’est Winnipeg, mon amour sont, en effet, des reconstitutions jouées et mises en scène. Elles alternent avec des images d’archives, des photos de famille et des séquences d’animation. Au début, donc, on nous présente une vieille femme, la mère du réalisateur, jouée par Ann Savage. Cette comédienne de second rang à Hollywood dans les années 1940 tente de dire son texte, et lance au réalisateur : "Je ne suis pas née de la dernière pluie". Puis ce sont des images d’archives : des cheminées d’usines fument, des gens dansent... Un train ancien démarre : il va nous faire pénétrer dans Winnipeg, ville habitée par des somnambules si l’on en croit le commentaire ("Pourquoi sommes-nous si endormis ?", "Nous marchons en dormant", etc.). Il est question de façon obsédante d’une fourche : celle formée par les rivières Rouge et Assiniboine, à la confluence desquelles est située la cité. Et l’on verra le bas-ventre d’une femme, nue, et la fourche de ses cuisses. Ce jeu de rimes, imitant les associations libres chères à la psychanalyse, structure Winnipeg, mon amour, à la façon d’un film surréaliste des années 1920. Le Noir & Blanc majoritaire, imité de celui de cette décennie, accentue encore la ressemblance, mais donne au film une dimension de pur exercice de style qui le neutralise un peu. Car cette préciosité esthétique tend à amoindrir la force, la férocité même, des propos acerbes du narrateur. "À l’école, j’empestais le produit capillaire ! : celui-ci se souvient d’odeurs de son enfance. Notamment celles du salon de coiffure tenu par sa mère, une puritaine qui avait la phobie des oiseaux, avec laquelle il règle des comptes grâce à plusieurs scènes jouées ("je pourrais enfin échapper à ma famille"). Des épisodes de l’histoire de Winnipeg sont égrenés : la grève générale de 1919, les séances de spiritisme prisées par des notables des années 1920, la destruction d’un superbe grand magasin par les spéculateurs immobiliers... Et les concours de fumeurs de pipe censés animer un centre commercial peu à peu déserté, reconstitués en en respectant hypocritement l’aspect niaiseux. La fétichisation de tous ces souvenirs, familiaux ou historiques, par des scènes de reconstitution comme en apesanteur (est-ce un rêve ?) fait briller ceux qui sont pourtant anodins pour nous, voire ternes, d’un éclat étrange, presque morbide, digne de ce qu’on a appelé le romantisme noir. C’est ici la grande réussite de Maddin.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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