Au loin des villages (2008) Olivier Zuchuat

Au loin des villages

Pays de productionSuisse ; France
Sortie en France11 novembre 2009
Durée75 mn
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Générique technique

RéalisateurOlivier Zuchuat
Société de production Prince Film (Genève)
Société de production AMIP - Audiovisuel Multimédia International Production (Paris)
Coproduction Les Films du Mélangeur (Montreuil sous Bois)
ProducteurXavier Carniaux
ProducteurPierre-Alain Meier
Directeur de la photographieOlivier Zuchuat
MonteurOlivier Zuchuat
Conseiller artistiqueCorinne Maury

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Une course dans les broussailles, filmée en caméra subjective. Cette course est une fuite et le prologue à un film sur les victimes d’un conflit dont la complexité et la durée rebutent souvent jusqu’à l’oubli : le Darfour. En 2007, profitant de la saison des pluies qui l’enclavait et le protégeait temporairement, le documentariste suisse Olivier Zuchuat s’est installé au camp de Gouroukoum, à l’est du Tchad, au milieu des paysans déplacés de l’ethnie dajo. Déplacés car citoyens tchadiens, ils n’ont pas droit, comme les Soudanais victimes des mêmes Janjaweeds et accueillis en camps humanitaires au Tchad, au statut de réfugiés. Durant deux mois, le cinéaste a observé et capté la vie de ces villageois qui ont tout perdu, dont les lieux de vie ont été incendiés, les troupeaux décimés, les proches sauvagement tués, qui ont été parfois eux-mêmes mutilés par ces milices "arabes" surarmées, avec la complicité du gouvernement de Karthoum. Une double ambition préside ici aux choix du cinéaste : celle de rendre compte de la situation quotidienne de ces oubliés d’entre les oubliés et celle de recueillir leur parole, unique témoignage des exactions qu’ils ont subies dans cette guerre sans nom. Hormis un lent travelling le long de haies et un panoramique à 360° autour d’un feu, le parti pris formel, tout de plans fixes, moyens et éloignés, est au service du propos. Dans ce cadre rigide qui dit l’enfermement et l’attente, mouvements et paroles prennent un relief particulier, fait de dignité et de douleur mêlées, de colère désabusée aussi et de volonté d’expliquer. Douleur de cette femme qui psalmodie la disparition de son fils entourée par d’autres femmes, filmées à distance ; dignité de celui qui, énucléé par ses bourreaux, raconte calmement son parcours, écouté lui aussi à juste distance ; colère de celui qui accuse l’État tchadien de se désintéresser de leur sort, suspendu à l’aide des ONG ; volonté de l’imam d’expliquer la genèse du conflit, d’en désigner les acteurs, d’en décrire une bataille et d’égrener les noms des morts de son village, en leur élevant ainsi comme un monument oral. Dans ce vaste "village de villages", reconstitué par les déplacés, fait de cases, de petits potagers, de place à palabres, un ersatz de vie se déroule, vidée de sa substance, rythmée par les rituels religieux et sociaux, les distributions d’eau et de vivres. Pour donner un peu plus à leurs enfants tout en protégeant leurs hommes, les femmes se mettent en danger en s’éloignant pour chercher des fagots qu’elles revendent. Tandis que les hommes, humiliés, désoeuvrés, font part de leur amertume et de leur désespérance, les enfants dessinent et chantent la guerre qui continue à moins de 50 km de là, et que l’on ne verra pas mais dont la présence cerne l’écran. En donnant visages et voix à ces victimes qu’aucun média n’approche, Zuchuat a non seulement fait oeuvre politique et humanitaire, mais également artistique car ses plans fixes, où les êtres humains semblent se cogner au cadre, sont souvent d’une grande beauté.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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