La Domination masculine (2008) Patric Jean

Pays de productionFrance
Sortie en France25 novembre 2009
Procédé image35 mm - Couleur
Durée103 mn
DistributeurUGC Distribution (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurPatric Jean
ScénaristePatric Jean
Société de production Elzévir Films (Paris)
Distributeur d'origine UGC Distribution

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Documentariste belge, Patric Jean s’était déjà intéressé aux rapports de domination dans la société avec La Raison du plus fort (2005), qui dénonçait le traitement carcéral, plutôt que social, de la pauvreté. Il était donc logique qu’en féministe convaincu il explore ici la domination exercée par l’homme sur la femme, qu’il considère "au fondement de toutes les autres". Il aborde d’abord le sujet sous un angle apparemment anecdotique, voire humoristique, mais révélateur. En effet, il interroge un homme très satisfait de l’allongement de son pénis, qu’il s’est offert pour se sentir "plus animal" ! Le cinéaste se rend ensuite à une séance de "speed dating", où la majorité des candidates dit rechercher un compagnon protecteur et mieux payé. Une petite plongée édifiante dans les livres pour enfants nous montre combien, aujourd’hui encore, beaucoup reproduisent l’image traditionnelle d’une mère en cuisine près d’un père au repos, et l’idée que les garçons ont des ambitions et les filles des rêves. Un passage dans une grande enseigne de jouets confirme ce clivage, présenté comme une évidence par le vendeur. Après une instructive "récréation" avec des images d’archives (entre autres un entretien avec le très misogyne Léo Ferré), le cinéaste se rend au Québec, où le féminisme est actif mais la violence conjugale aussi. Le 6 décembre 1989, Marc Lépine tua 14 étudiantes de l’École Polytechnique de Montréal, en prétendant combattre le féminisme. Jean interroge des "masculinistes", qui se sentent "talibanisés" par les femmes, dépossédés d’un droit qu’ils estiment domestique : celui de traiter leur compagne à leur guise (une idéologie théorisée par un psychologue reconnu !). Entre le Québec et la France, P. Jean recueille des paroles de féministes, de femmes battues, d’hommes violents... En se filmant de dos, le réalisateur recouvre, tout au long du film, un mur d’images évocatrices de phallus. Pensé et construit dans une perspective politique, ce documentaire suscite le débat. Débat salutaire en l’occurrence, car, en allant voir aux marges du politiquement acquis, il met en exergue la persistance tenace des inégalités garçons/filles, intégrées dès le berceau, et la fragilité des victoires, toujours susceptibles d’être remises en cause. Sans contester les avancées, P. Jean démontre, par la progression dramatique, du plus léger au plus tragique, à quel point les schémas d’oppression et de soumission, infusent encore dans la société occidentale, souvent en sous-marin des convictions sincères prônées par la majorité. Sans doute pourrait-on faire le reproche à Patric Jean de ne pas être allé fouiller plus avant dans les sources historiques, psychologiques, sociales, des constats qu’il a choisi de montrer. Ce n’était pas son but : il ne nous soumet ni une étude exhaustive ni un tract militant, mais un documentaire engagé, clairement, au côté des femmes. Sur un sujet inépuisable il ouvre ainsi, pour hommes et femmes de bonne volonté, un champ de réflexions qui ne sont pas, hélas, frappées d’obsolescence.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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