D'Arusha à Arusha (2008) Christophe Gargot

Pays de productionFrance
Sortie en France09 décembre 2009
Procédé image35 mm - Couleur
Durée115 mn
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Générique technique

RéalisateurChristophe Gargot
Collaborateur scénaristiqueThierry Cruvellier
Société de production Atopic (Paris)
Distributeur d'origine Contre-Allée Distribution (Paris)
Directeur de la photographieSamuel Dravet
Ingénieur du sonFrédéric Salles
MixeurJean-Marc Schick
MonteurAnne Lacour

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Le titre D’Arusha à Arusha renvoie clairement à De Nuremberg à Nuremberg, le documentaire de Frédéric Rossif, qui décrivait chronologiquement les événements survenus entre le discours d’Hitler à Nuremberg en 1935 et le procès des coupables du génocide juif, dans cette même ville, à la fin de la guerre. L’analogie principale entre le film de Rossif et celui de Christophe Gargot réside dans l’utilisation d’images de procès. Institué en novembre 1994, en vertu de la résolution 955 du Conseil de sécurité de l’ONU, et contre la volonté du Rwanda, le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) juge les coupables du génocide des Tutsis par les Hutus, perpétré d’avril à juillet 1994. Christophe Gargot a sélectionné des séquences parmi les 30 000 heures d’archives accumulées au TPIR depuis 1994 et mêle à ces images les témoignages de bourreaux et de victimes, ainsi que des images du Rwanda actuel. Le début du film montre une foule silencieuse, réunie sur la colline de Nyanza, à Kigali, pour assister au discours du président rwandais Paul Kagame et rendre hommage aux 5 000 victimes du lieu. Dans les salles du mémorial, les habitants se pressent pour contempler l’amoncellement d’ossements qui y ont été déplacés. D’emblée, en marge du procès, le documentaire s’interroge sur le regard que portent les autochtones sur les événements survenus quinze ans auparavant. Suivent les images du procès. Gargot s’intéresse d’abord à Georges Ruggiu, animateur sur les ondes de la Radio Télévision Libre des Mille Collines, jugé pour incitation à la haine raciale. Le second accusé sur lequel s’attarde le film est Théoneste Bagosora. Opposé aux accords d’Arusha de 1993, Bagosora est soupçonné d’avoir commandité le massacre des Tutsis et des Hutus modérés dès le 7 avril 1994, c’est-à-dire au lendemain de l’attentat qui coûta la vie au président rwandais Habyarimana. Devant les accusations du TPIR, il continue de manier la langue de bois, de contester le moindre détail. Son avocat, Raphaël Constant, dénonce le "tribunal des vaincus", pointant du doigt le problème, déjà évoqué à Nuremberg, de la légitimité des tribunaux internationaux. Un théologien, Laurien Ntezimana, rappelle qu’avant le génocide, il ne savait même pas à quelle ethnie il appartenait. Jean de Dieu Bucyibaruta, un Hutu marié à une Tutsie, a participé aux massacres de 1994 et s’en est repenti. Il ne parle jamais de crimes, préfère évoquer des "fautes", des "erreurs", puisqu’il se contentait de suivre les ordres. Gargot filme une prison de Kigali, et les tribunaux populaires, les Gacaca, où les Rwandais jugent arbitrairement leurs concitoyens, au mépris de la présomption d’innocence. Lorsque le TPIR fermera en 2010, la population ne pourra plus compter que sur cette forme de justice pour affronter sa mémoire. Le documentaire montre les limites de cette forme de justice populaire, comme celles de la justice internationale, qui bientôt considérera comme clos le dossier du génocide rwandais.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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