R.A.S. nucléaire rien à signaler (2008) Alain de Halleux

Pays de productionFrance ; Belgique
Sortie en France09 décembre 2009
Procédé image35 mm - Couleur
Durée58 mn
DistributeurFloris Films (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurAlain de Halleux
Société de production Arte France Unité Documentaires
Distributeur d'origine Floris Films

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Conçu pour la télévision, où il a déjà été diffusé (à la RTBF et sur Arte), R.A.S. échappe aux défauts (platitude du propos et/ou de la réalisation, didactisme appuyé...) de la plupart de ces documentaires formatés télé que l’on s’obstine à vouloir à tout prix sortir sur grand écran. Autre point positif : si le titre laissait craindre un énième pensum baba-bobo sur les périls inhérents au nucléaire, le propos d’A. de Halleux est heureusement tout autre. "Pour ou contre le nucléaire ? Et si la question était ailleurs ?" demande-t-il en exergue. Ces "ailleurs", jamais sérieusement abordés à l’écran jusqu’alors, ce sont les conditions de sécurité, le quotidien de celles et ceux qui surveillent les centrales, les pilotent, les entretiennent, les réparent. A. de Halleux leur donne la parole. Voici d’abord les méconnus qui travaillent au coeur des centrales nucléaires. Après une évocation (passage un peu convenu !) de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, de Halleux nous emmène de Forsmark (en Suède), centrale qui faillit exploser en 2006, à différents sites de France (Chinon, Palluel, Cruas) et de Belgique (Tihange, Doal...). Une catastrophe comme Tchernobyl y est-elle possible ? Non : ce ne sont pas des réacteurs du même type. Mais de témoignage en témoignage, une réalité inquiétante s’impose : la libéralisation à tout va et sa logique du profit à tout prix, ont remplacé depuis les années 1990, dans ce secteur où les risques vitaux sont si aigus et durables, les missions du service public. Au coeur du problème, le recours croissant à des sous-traitants souvent opaques, surexploitant les exécutants de tâches d’entretien et de surveillance qui requièrent pourtant compétence, expérience et temps. À noter : les solides interventions de la sociologue A. Thébaud-Mony, et les témoignages de M. Roedoll, pilote de réacteur à Doal, P. Billard, décontamineur de Palluel, exposé comme tous ses collègues à la "dose" et aux leucémies qu’elle peut entraîner, syndicaliste bien sûr sanctionné. C. Ugolini, aussi, vérificateur employé à Chinon par une entreprise sous-traitante, licencié pour avoir témoigné sur les pressions qu’il subissait pour écrire "R.A.S." dans ses rapports, même s’il avait détecté une fissure suspecte... La seconde partie est centrée sur la grève qui affecta la centrale de Cruas en 2008, grève de la faim de sous-traitants sacrifiés, soutenue par la population qui bloqua le site. Comme il est devenu coutumier, la direction ne daigna jamais donner signe de vie... Autant qu’un bon documentaire, R.A.S. est tout simplement un bon film. À l’évidence, A. de Halleux, diplômé de Chimie nucléaire, a su poser les bonnes questions. Cinéaste déjà aguerri, il a réussi, en soignant prises de vue, cadrages et montage, à être à la fois simple et habile, efficace et complexe. Et surtout, il s’efface devant ceux qu’il sollicite, donne au spectateur de quoi juger et le laisse libre de son jugement sans jamais dissimuler le sien. Des qualités devenues rares...
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