Valvert (2009) Valérie Mréjen

Pays de productionFrance
Sortie en France10 mars 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée52 mn
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Générique technique

RéalisateurValérie Mréjen
ScénaristeValérie Mréjen
Auteur de l'oeuvre originalePierre Bardind'après une idée originale
Auteur de l'oeuvre originaleJean Caporald'après une idée originale
Auteur de l'oeuvre originaleYves Longd'après une idée originale
Auteur de l'oeuvre originaleStéphane Quilichinid'après une idée originale
Société de production Aurora Films (Paris)
Coproduction BCD - Le Bureau des Compétences et Désirs (Marseille)
Producteur déléguéCharlotte Vincent
Directeur de la photographieAlexis Kavyrchine
Ingénieur du sonYolande Decarsin
Ingénieur du sonMuriel Laborde
MixeurMikaël Barre
MonteurPauline Gaillard

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Après Pork and Milk, nous attendions Valérie Mréjen aux commandes d’un premier long métrage de fiction, la voici signant un court documentaire sur un hôpital psychiatrique. Le projet pouvait sembler incongru, mais le film se révèle tout à fait cohérent avec son univers. Répondant à une commande du Bureau des Compétences et Désirs (chargé de mettre en relation des commanditaires et des artistes), la vidéaste-plasticienne s’est installée à l’hôpital Valvert afin de "porter un regard sur la façon dont la psychiatrie a évolué depuis une quarantaine d’années". En l’occurrence, cet hôpital psychiatrique fonctionne encore sur des méthodes psychothérapeutiques, que fondent une relation forte entre le personnel et les patients et une libre circulation dans l’enceinte de l’hôpital. Or, ces méthodes ne sont plus au goût du jour, et les infirmiers, notamment, ne reçoivent plus de formation spécifique. L’époque est aux idées claires et à l’efficacité abrupte : la psychiatrie n’échappe pas à une rationalisation des "problèmes". Ainsi, au fil des témoignages recueillis par Mréjen auprès de l’équipe administrative et soignante de Valvert, s’impose le constat, pour le moins terrifiant, d’une contamination de l’institution psychiatrique par des réflexes gestionnaires. Tenu de "rendre des comptes", le secteur hospitalier s’est vu contraint peu à peu à améliorer son "rendement". Cela revient donc à augmenter son "turnover", une notion qui est quasiment devenue l’unique critère pour l’attribution d’un budget annuel. Cette évolution, prônant la rapidité, signe la disparition de la notion de personne. Car, dire à un schizophrène : "Dépêche-toi de guérir" revient à penser qu’il fait exprès d’être malade et nie le travail psychothérapeutique. C’est sans doute pour pallier cette tendance que Mréjen s’est petit à petit éloignée du personnel pour poser son regard sur les patients (qu’il n’était pas prévu, dans la commande, de filmer ni d’interroger). Sans les nommer - un parti pris qui peut sembler contradictoire avec une démarche de rencontre - la réalisatrice donne la parole à certains malades et capte des moments d’échange entre eux et le personnel. Habituée, dans ses courts métrages, à faire cogner des mots très écrits (et récités par des acteurs) contre une caméra immobile, elle se confronte ici à un nouveau langage, propre aux malades. Au fil de ces phrases étranges, parfois inaudibles, parfois incompréhensibles, se construit l’idée d’un monde, certes chaotique, mais vivant, en résistance constante. L’un dit d’ailleurs : "Moi, je suis fou, mais pas con". Mréjen filme cette "folie" telle qu’elle est : il n’y a pas d’histoire, pas de début ni de fin. C’est le plus grand mérite de ce Valvert (que son format "52 minutes" destinait tout de même plus à la télévision qu’au cinéma) : montrer, dans un temps suspendu, que cela existe. La scène finale offre d’ailleurs le moment le plus émouvant du film, quand un homme avance vers la caméra jusqu’à ne laisser apparaître que son épaule, et dit : "Je suis là".
© LES FICHES DU CINEMA 2010
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