Je voudrais aimer personne (2007) Marie Dumora

Pays de productionFrance
Sortie en France05 mai 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée110 mn
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Générique technique

RéalisateurMarie Dumora
Société de production Quark Productions
ProducteurJuliette Guigon
ProducteurPatrick Winocour
Distributeur d'origine Contre-Allée Distribution (Paris)
Directeur de la photographieMarie Dumora
Ingénieur du sonAndré Rigaut
Ingénieur du sonJennyfer Bec
Ingénieur du sonEric Thibaut
MixeurFlorent Lavallée
MonteurCatherine Gouze

générique artistique

Sabrina Muller
Belinda Muller
Anne-Gaëlle Muller
Jason Muller
Logan Muller
Dimitri Muller
Christopher
Franz Muller
Nicolas Muller(l'enfant)
David(le père de l'enfant)
Chantal Haemmer(la gouvernante)
Nicole Klein(la femme de chambre)
Daniel Julien-Soudanas(l'éducateur)
Père François(le curé de "Sainte Marie")

Bibliographie

Synopsis

En 2002, dans « Avec ou sans toi », documentaire diffusé sur France 3 consacré aux fratries placées en foyer, Marie Dumora avait filmé Sabrina et Belinda, deux soeurs d’une dizaine d’années. Elle les retrouve aujourd’hui et choisit de centrer son nouveau film sur Sabrina, âgée désormais de 16 ans et mère d’un petit Nicolas de 10 mois. L’adolescente vit dans un foyer pour jeunes filles célibataires à Mulhouse. Sa famille est dispersée : une mère-matrone, un père en prison, des frères et soeurs plus ou moins largués. Elle ne peut rien attendre d’eux. La seule sur qui elle peut encore compter, c’est sa soeur aînée, Belinda, plutôt rebelle mais de bon conseil. Sabrina continue à fréquenter David, le père de son enfant, toujours très amoureux. Mais leur relation est compliquée. La caméra de Marie Dumora filme la réalité de manière frontale, sans commentaire. Elle dresse le portrait de Sabrina en s’attachant à sa personnalité, à ses gestes, à ses silences, à sa façon de marcher ou de parler. Sans surligner ses effets, elle capte, à vif, le désespoir autant que l’appétit de vie de cette jeune fille qui trouverait tellement plus facile de "n’aimer personne". Comprendre : vivre sans attache, alors même qu’elle recrée le modèle familial. Son quotidien est rythmé par la vie au foyer et par ses allers-retours en ville, où elle effectue divers stages. Pour le reste, elle écoute de la musique, change les couches de son fils, le met au lit, prend le bus pour aller jouer au bowling avec des amis... Elle porte à son enfant une attention et une tendresse constantes. Mais l’avenir reste bouché. Elle sait qu’elle devra quitter le foyer dans six mois. Que fera-t-elle alors, seule, avec son garçon ? Là non plus, le documentaire ne triche pas. Il montre Sabrina, déprimée, qui envisage, pour le protéger, d’abandonner son fils. Elle décide aussi de le baptiser. La scène est douloureuse : elle rejoint alors sa famille à Colmar et se dispute violemment avec sa mère. D’une certaine façon, Je voudrais aimer personne est une oeuvre ethnologique. Le film montre quelles formes peut prendre, dans la France d’aujourd’hui, la paupérisation de pans entiers de la population, l’impasse sociale et existentielle, la solitude et le désarroi dans lesquels ces personnes sont coincées. En cela, le constat est assez terrible. Mais, à force de s’effacer, la réalisation n’exprime plus aucun point de vue et le spectateur se retrouve quelque peu démuni. Rien n’est dit des conditions et des protocoles du tournage, du pacte passé entre la cinéaste et ses sujets. L’empathie, forcément sincère, de Marie Dumora finit alors par créer, paradoxalement, une distance embarrassante. Et Sabrina ne semble avoir aucune compréhension de l’image qu’elle renvoie. Par moments - et c’est la limite de l’approche ethnologique -, on a l’impression qu’elle est filmée comme une sauvage rousseauiste, et que c’est à son insu. Le portrait sensible tourne alors à l’étude de cas.
© LES FICHES DU CINEMA 2010
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