La Bocca del lupo (2009) Pietro Marcello

La Gueule du loup

Pays de productionItalie
Sortie en France23 juin 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée75 mn
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Générique technique

RéalisateurPietro Marcello
Société de production Indigo Film (Roma)
Société de production L'Avventurosa Film
ProducteurNicola Giuliano
ProducteurFrancesca Cima
ProducteurDario Zonta
Distributeur d'origine Bellissima Films (Paris)
Directeur de la photographiePietro Marcello
Ingénieur du sonEmanuele Vernillo
Compositeur de la musique originale Era
MonteurSara Fgaier

générique artistique

Vincenzo Motta(Enzo)
Mary Monaco(Mary)

Bibliographie

Synopsis

Gênes : son port, autrefois l’un des plus actifs d’Europe, ses ruelles glauques, ses rades chichement éclairés, ses gueules de nuit, ses filles de joie (qui ne la respirent pas !), ses laissés-pour-compte, jetés sur le pavé par la fermeture des chantiers navals et la destruction des quartiers insalubres, ses bivouacs de sans-logis, ses images du passé. De cette atmosphère émerge un corps, grand, massif, la moustache noire et la pupille sombre sous un feutre mou d’un autre âge. On dirait un acteur d’un film de gangsters des années 1940. Gangster, il l’est, ou du moins l’a été. D’origine sicilienne, fils d’un petit trafiquant de cigarettes, Vincenzo, dit Enzo, a grandi dans ce lacis de venelles portuaires. Tout naturellement, il est passé de la petite à la grande délinquance. Plus de la moitié de sa vie de quinquagénaire s’est déroulée en prison. Il y a trouvé l’amour, un amour hors-normes : Mary, transsexuel, issue d’une intolérante bourgeoisie, ex-junkie, discrète, cultivée. Ces deux-là s’aiment et se protègent l’un l’autre depuis plus de vingt ans. Grâce à lui, elle a décroché définitivement. Grâce à elle, il a tenu bon en prison, sûr qu’elle l’attendrait, à chaque fois. De la rencontre improbable de ces deux destins, de l’amarrage de ces deux vies à la dérive est née une histoire, celle d’un couple qui a réussi à survivre et à arracher un peu de douceur à la férocité du monde. Peut-on réellement qualifier de documentaire cet étrange et bel objet cinématographique ? Portrait d’un couple au parcours singulier, portrait de lieux en déshérence, errance dans les bas-fonds peuplés d’indigents et de petites gens, archéologie de friches urbaines et industrielles, ce film affiche d’emblée une ambition artistique. Sollicité par la Fondation Jésuite San Marcellino de Gênes, dévouée aux sans-abris, vagabonds et déshérités, Pietro Marcello a réussi non seulement à respecter l’essence de cette commande mais également à construire une oeuvre personnelle, aux partis pris formels et esthétiques déterminés. Photographie grainée, désaturée, image contrastée, travaillée en clair-obscur, intrication d’archives rares au Noir & Blanc bleuté comme des rêves, cadrages façon polar noir ou dispositif frontal constituent une matière disparate et bigarrée. Elle participe d’une scénarisation du réel, clairement assumée, autour de son protagoniste. Ce tissage de formes et d’intentions, dont Enzo est l’emblématique incarnation, illustre, avec une insolite poésie, le sort de ces oubliés, fantômes d’un prolétariat sacrifié sur l’autel du profit et de la mondialisation. Étrange objet, donc, que ce documentaire auquel sera peut-être fait le reproche de magnifier, par sa volonté affirmée de "faire beau", la condition peu enviable des damnés de la terre. Ce serait faire un bien mauvais procès à Pietro Marcello, car, au-delà de l’histoire individuelle d’Enzo et Mary, ce qui frappe ici, c’est le souci du réalisateur de mettre au service des plus démunis un plaidoyer qui ne soit pas uniquement testimonial mais aussi artistique.
© LES FICHES DU CINEMA 2010
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