Double Take (2009) Johan Grimonprez

Pays de productionEtats-Unis ; Belgique ; Allemagne ; Pays-Bas
Sortie en France22 septembre 2010
Procédé image35 mm - NB
Durée80 mn
DistributeurE.D. Distribution (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurJohan Grimonprez
ScénaristeJohan Grimonprez
ScénaristeTom McCarthy
Auteur de l'oeuvre originaleJorge Luis Borgesd'après le récit "25 août 1983"
Société de production Zapomatik (Gent = Gand ; New York)
Coproduction Nikovantastic Film (Berlin)
Coproduction Volya Films (Rotterdam)
ProducteurEmmy Oost
ProducteurJohan Grimonprez
CoproducteurHanneke Van der Tas
CoproducteurNicole Gerhards
CoproducteurDenis Vaslin
Distributeur d'origine ED Distribution (Paris)
Compositeur de la musique originaleChristian Halten
MonteurDieter Diependaele
MonteurTyler Hubby

générique artistique

Ron Burrage(le sosie d'Hitchcock)
Mark Perry(la voix d'Hitchcock)
Delfine Bafort

Bibliographie

Synopsis

Double Take est-il un long métrage de fiction ou bien est-ce un documentaire ? Difficile de trancher. Ce film appartient bel et bien à la famille du cinéma expérimental, ainsi que le laisse prévoir le C.V. de son réalisateur, artiste conceptuel belge ayant exposé de nombreuses fois et qui a souvent utilisé la vidéo dans ses installations. Néanmoins, il existe tout de même bel et bien une ligne narrative dans Double Take, même si elle reste ténue et minimaliste : le cinéaste Alfred Hitchcock rencontre subitement son double (thème hitchcockien en diable), pendant une pause sur le tournage des Oiseaux. Cette découverte est lourde de conséquences, puisque, comme le souligne le film, si l’on croise son double, il est préférable de le tuer avant qu’il ne vous tue. Double Take est donc une variation expérimentale sur les sujets de prédilection du maître du suspense : la mort, le double, le hasard, le vertige de l’identité. Naturellement, cette ébauche de récit ne se matérialise pas par une reconstitution fictionnelle traditionnelle, mais plutôt par des mélanges d’images vidéo et d’archives (parmi lesquelles l’interview d’un sosie officiel d’Alfred Hitchcock). L’auteur (l’artiste plutôt) ponctue son propos d’images témoignant de la réalité politique des années 1950 et du début des années 1960 : extraits d’actualités qui montrent les tensions de la guerre froide, l’élection de Kennedy, ou les publicités de l’époque avec leur sous-texte souvent conservateur, voire franchement misogyne (on peut voir en particulier un sidérant spot sur le café, en plusieurs parties, qui illustre les indéniables progrès de la lutte pour l’égalité des sexes dans ces années-là). C’est ainsi que le vidéaste se sert de l’oeuvre hitchcockienne pour faire une étude de de la culture de l’Amérique d’Eisenhower, dont Hitchcock fut lui-même partie prenante. L’oeuvre propose donc un maelström d’images et de paroles qui créent souvent la confusion dans l’esprit du spectateur (effet sans nul doute recherché par le réalisateur). Après avoir commencé comme un hommage cinéphile, Double Take prend ensuite l’allure d’un essai sur les médias dans l’Amérique des années 1950, avant de suivre encore une autre voie. Car le film devient à la fin une sorte de portrait du sosie officiel d’Hitchcock. On se met alors soudain à éprouver une étrange empathie pour cet homme ordinaire, qui a dû supporter toute sa vie cette ressemblance physique peu flatteuse et parfois franchement encombrante. Les derniers instants du film évoquent une histoire d’amour flottante, qui vient clore une oeuvre souvent déroutante mais toujours intéressante par sa volonté d’interroger les formes, non dans une démarche basiquement fétichiste, mais pour créer du sens et faire ressortir toutes leurs richesses, parfois encore inexplorées.
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