Synopsis
Au départ, Sara Ziff est seulement une jeune Américaine ordinaire et bien comme il faut. Puis, remarquée durant son adolescence, elle entame une carrière de mannequin. Devenue adulte, la jeune fille saute la case université et devient professionnelle (on a pu la voir, notamment, dans des campagnes pour Calvin Klein ou Dolce & Gabbana). Il se trouve que son petit ami, Ole Schell, est étudiant en cinéma. C’est ainsi que, de façon d’abord assez innocente, Sara se met, avec lui, à filmer son quotidien, tenant une sorte de journal intime en vidéo. Mais, peu à peu, ces images commencent à dépasser le registre strictement intime (avec tout le côté un peu "nunuche" que cela peut impliquer) pour prendre une dimension plus générale, en documentant ce qu’est, globalement, le quotidien d’un top model, et ce qu’est la réalité du monde de la mode. Le journal est alors devenu un film, celui qui s’appelle aujourd’hui Picture Me. À l’heure où le milieu de la mode reste un vif objet de fascination, que le cinéma s’emploie à entretenir sous diverses formes - fiction hollywoodienne (Le Diable s’habille en Prada), documentaire appliqué (The September Issue) ou portrait révérencieux (Lagarfeld Confidentiel, L’Amour fou [v.p. 70]) - ce Journal vérité d’un top model nous offre un intéressant contrechamp. En effet, plutôt que la traditionnelle vision édulcorée et complaisante cultivant le glamour à outrance, il nous propose simplement la description de jeunes filles qui travaillent. Le film prend ainsi de la consistance à mesure qu’il fait découvrir les coulisses, globalement très sordides, de ce soi-disant monde enchanté", où les jeunes filles sont souvent véritablement exploitées, soumises, tenues sous l’emprise de leur agence. Les problèmes d’anorexie sont également évoqués. On découvre enfin que, quand elles ne sont pas superstars, les mannequins sont bien plus fauchées qu’on pourrait l’imaginer. Le film est partagé entre scènes de reportage, prises sur le vif, et interviews de l’héroïne et de ses collègues, racontant leur quotidien, leurs soucis et parfois leurs colères. Il est aussi agrémenté de petites animations, mais cependant, il ne se dégage jamais tout à fait d’une approche somme toute extrêmement classique. Finalement, ce que l’on retient avant tout, ce sont donc les moments de vérité arrachés par la caméra. Mais dans ces séquences, Picture Me n’est jamais loin de basculer du côté d’un voyeurisme un peu glauque. Le fait est que le film-journal est une forme qui évolue sur une très fine frontière entre cinéma documentaire et téléréalité. L’aspect le plus touchant du film réside alors dans sa conclusion : la description d’une fin de carrière. Un retour à la vie, à la réalité, qui renforce la vision de la mode comme un univers parallèle, magique et artificiel, où les gens ne font la plupart de temps que passer.
© LES FICHES DU CINEMA 2010
