Le Plein pays (2009) Antoine Boutet

Pays de productionFrance
Sortie en France03 novembre 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée58 mn
DistributeurFilms du Paradoxe (Les) (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurAntoine Boutet
Société de productionMarie-Odile Gazin
Société de production Red Star Cinéma (Paris)
Société de production Dard Dard Association
Distributeur d'origine Les Films du Paradoxe
Directeur de la photographieAntoine Boutet
CadreurAntoine Boutet
MixeurJulien Ngo-Trong
MonteurAntoine Boutet

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Le réalisateur Antoine Boutet a d’abord étudié les arts visuels et axé une grande partie de son travail sur les mutations urbaines et l’implication politique de la mise en espace, avant de se tourner vers des vidéo-installations, qui l’ont ensuite conduit aux documentaires. Il filme ici, dans une forêt, dans sa masure, avec respect et une infinie douceur, Jean-Marie, un vagabond habité, rêveur, créateur et, à l’évidence, un peu psychotique. À sa suite, nous découvrons les profondes galeries souterraines, qu’il fore puis orne de gravures archaïques. On l’observe encore déplaçant d’énormes blocs de pierre qu’il sort des entrailles de la terre puis rassemble et ordonne sur un champ. Il les caresse avec tendresse, leur parle dans son sabir improbable, mâtiné de patois et d’étranges psalmodies, leur donnant alors une part d’humanité. Sisyphe moderne, à la fois héraut d’un passé en ruine et Pythie d’une catastrophe à venir, il agence inlassablement les pierres d’une utopie perdue, dans une quête infinie de sens, comme s’il voulait trouver le secret des origines. Son lien avec la terre est vital, essentiel, instinctif, viscéral, comme celui du nourrisson avec sa mère. Cette lecture psychanalytique s’impose. En effet, la première image de Jean-Marie le montre pénétrant dans une de ses galeries. Il se love, se blottit dans cette matrice sûre et précieuse. Cette image soulignera, plus avant dans le documentaire, ses préoccupations morbides autour de la peur de l’enfantement, de la grossesse, des césariennes qui souillent la femme ou la mettent en danger, ainsi que ses obsessions, qu’il veut prémonitoires, sur la surpopulation humaine. On plonge avec lui, près de lui, dans cette radicale expérience de création totale, qui semble, tel un talisman, le prémunir de la folie. Son absolue solitude, dans laquelle le spectateur est vertigineusement projeté, pouvant être le carburant attendu de cette déraison. Son travail trouve, pour Antoine Boutet, une résonance dans l’histoire de l’art, qu’il soit primitif ou brut, rejoignant alors certaines démarches artistiques du XXe siècle dans lesquelles l’artiste habite son oeuvre. Cet homme, troublant, dérangeant, touchant, parfois émouvant aux larmes dans son isolement fondamental et sa dignité de démiurge, est un Petit Prince farouche, qui plonge en nous et nous regarde, mais qu’il a fallu apprivoiser pour sceller doucement une confiance mutuelle. Certaines règles initiales ont dû être respectées : maintenir une distance de rigueur, ne pas être importun. Peu à peu Jean-Marie a compris que ce travail de réalisation, sobre et respectueux, pouvait témoigner de sa propre création et répandre ses messages. Ceux gravés sur les parois de ses grottes comme ceux fixés sur bande magnétique. Aujourd’hui, ses forces s’amenuisant, il s’oriente plus franchement vers la création sonore. Son "grand oeuvre" est désormais à l’arrêt, mais cet homme si plein de tourments et de grâce continuera longtemps de creuser en nous, comme au coeur de nos interrogations humaines les plus essentielles.
© LES FICHES DU CINEMA 2010
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