Commissariat (2009) Ilan Klipper, Virgil Vernier

Pays de productionFrance
Sortie en France10 novembre 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée89 mn
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Générique technique

RéalisateurIlan Klipper
RéalisateurVirgil Vernier
Société de production Les Films Pelléas (Paris)
Coproduction CNC - Centre National du Cinéma et de l'Image Animée (Paris)
ProducteurPhilippe Martin
ProducteurGéraldine Michelot
Distributeur d'origine Chrysalis Films (Paris)
Ingénieur du sonFrançois Méreu
Ingénieur du sonSébastien Savine
MonteurRoger Ikhlef

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Au départ, on se dit aïe ! Un documentaire sur la police, en caméra infiltrée, cela suscite des réflexes d’autodéfense. Et puis les premières phrases irritent. Lorsqu’un policier dit des délinquants qu’ils ne sont pas aidés par la nature en termes de notation de cerveau, on se dit que l’expression policière est fortement corrompue par le vocabulaire administratif, et que cela pourrait expliquer bien des choses. Ensuite, embarquée dans une voiture banalisée, la caméra s’attarde sur les façades de la ville, et on se demande pourquoi. Mais, patience. Car ce préambule introduit en fait l’essence même de ce documentaire du duo Ilan Klipper et Virgil Vernier, déjà coauteurs d’un film télévisé, Flics (2006), consacré également au milieu de la police, à l’école de police précisément. L’essence, donc, est celle-ci : qu’est-ce qui différencie réellement les flics des voyous ? Sous cet aspect, la ville et les mots prennent toute leur importance. La ville, c’est Elbeuf, près de Rouen, où il ne semble guère étonnant de devenir délinquant ! Les flics y sont nommés et exilés, regardant de loin les faibles lumières sur la ville. Les gens y (sur)vivent à coup d’alcool, de dépression et de combines. Il y a donc deux camps. Les uns ont le sens du bien et sont protégés, forts d’être du bon côté. Les autres peuvent aussi avoir le sens du bien, mais sont visités par le mal, affaiblis d’être du mauvais côté. Tous partagent cependant une certaine forme de solitude. Et à entendre une jeune policière, récemment larguée par son petit ami à la double vie, ils partagent aussi les mots crus pour le dire. Klipper et Vernier illustrent ainsi un texte de Pasolini qui les avait marqués, dans lequel l’auteur se moquait des étudiants soixante-huitards, en désignant les CRS qu’ils fustigeaient comme les prolétaires qu’ils étaient censés défendre. Favorisant une parole libre, sans la voiler par un commentaire explicatif, et une mise en scène sobre, composée de plans fixes, les deux réalisateurs réussissent à saisir la confrontation ambigüe entre ces deux mondes. La caméra ne se fait donc pas l’interface entre les spectateurs et le commissariat : la parole de l’un est toujours recueillie par quelqu’un d’autre, elle ne s’adresse jamais à ceux qui les filment. Cette absence de parti pris permet au documentaire de trouver une forme de justesse dans le ton, qu’aucune idéologie ne vient brouiller. Selon le caractère de chacun et selon les situations, les flics se font tantôt bourreaux, tantôt assistants sociaux. Face à la misère affective, ils se montrent pédagogues, psychologues ou donneurs de leçon. Les situations montrent la complexité de leur position, à la fois proche et nécessairement distante. Ici, le charismatique Patrick James auditionne témoins, plaignants et accusés avec le panache d’un héros de film noir. Là, une fliquette explose de joie, fière d’appartenir à la police qui sauve les enfants des incendies. Entre les deux, on leur reproche d’oublier qu’ils ont affaire à des humains ou ils chantent en solo Tous les cris les S.O.S. de Balavoine. Éternelle mésentente.
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