Al'lèèssi, une actrice africaine (2003) Rahmatou Keïta

Pays de productionFrance ; Niger
Sortie en France17 novembre 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée69 mn
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Générique technique

RéalisateurRahmatou Keïta
Assistant réalisateurManuel Gasquet
ScénaristeRahmatou Keïta
Société de production Sonrhay Empire Productions (Niamey)
ProducteurMaryam Keïta
Distributeur d'origine Unzero Films (Paris)
Directeur de la photographiePhilippe Radoux-Bazzini
CadreurThomas Cojovi
Ingénieur du sonManuel Gasquet
MonteurOmar Ba
MonteurYero Maïga
MonteurSébastien Garcia

générique artistique

Zalika Souley(dans son propre rôle)
Mahamane Bakabé(dans son propre rôle)
Moustapha Alassane(dans son propre rôle)
Boubakar Souna(dans son propre rôle)
Moustapha Diop(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Un jour ordinaire dans la vie d’une femme humble, qui fait son marché, va chercher l’eau à la fontaine et attise le feu avant de préparer le repas. Zalika Souley a été la première femme du Niger à accepter de jouer dans des films. Elle raconte comment Mustapha Alassan, alors jeune réalisateur, l’avait choisie pour jouer dans Le Retour d’un aventurier, le premier western africain, dont des extraits (épiques !) émaillent son récit. Zalika avait embrassé la carrière de comédienne par jeu, puis l’avait poursuivie par passion, contre l’avis de ses parents. Des témoignages suivent. Ceux des pionniers du cinéma nigérien : Boubacar Souna, Mahamane Bakabé, Moustapha Diop... La réalisatrice les filme chez eux et chacun y va de son anecdote sur son travail avec Zalika, sur la fabrication des films, et sur cette époque révolue où le tout jeune gouvernement avait encore la volonté de fonder une industrie du cinéma. Aujourd’hui, il n’y a plus d’argent pour faire des films et il n’y a même plus de salles pour les voir. Les prises de vue dans les établissements de la ville attestent que tout tombe en ruines et que le marché est inondé par le commerce illégal de cassettes vidéo et de DVD. Le Niger avait pourtant été le premier pays d’Afrique subsaharienne à développer sa propre industrie, après la décolonisation. Jean Rouch n’y était pas pour rien, puisque certains des jeunes cinéastes avaient été ses assistants. Zalika, elle, avait enchaîné les rôles et gagné beaucoup d’argent, qu’elle avait dépensé aussitôt, sans penser à l’avenir. Naïvement, elle avait sacrifié sa vie de femme pour donner corps à des personnages (entremetteuses, prostituées) qui lui ont collé à la peau, faisant fuir les hommes et attirant la honte sur sa famille. Le public, confondant fiction et réalité, a même fini par la rejeter tout à fait, en l’insultant. Star délaissée, le film la montre honorée à l’étranger pour sa carrière d’actrice, à la suite de quoi elle sera enfin reconnue et décorée dans son propre pays. Grâce à cette distinction, un poste à la MJC locale lui sera confié pour conter des histoires aux jeunes générations et parler de son expérience dans le cinéma. Mais le film se clôt en annonçant brutalement qu’en 2000, Zalika a fini par émigrer en Europe, pour y travailler comme femme de ménage. Si la réalisatrice fait ici un important travail de mémoire en rappelant le destin de cette femme puis l’indifférence qu’elle a subie, et par extension les difficultés que connaît le cinéma africain pour exister, on pourra toutefois regretter qu’elle n’ait pas creusé davantage certaines pistes du film comme les rapports entre cinéma colonial et cinéma nigérien, ou la place singulière des femmes dans cet univers très masculin. Il nous manque des repères pour bien saisir les enjeux de cette histoire, mais les quelques extraits de films utilisés en disent long sur la richesse d’un patrimoine trop souvent injustement confiné dans les rétrospectives et les festivals.
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