Armadillo (2009) Janus Metz

Pays de productionDanemark
Sortie en France15 décembre 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée100 mn
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Générique technique

RéalisateurJanus Metz
Société de production Fridthjof Film A/S (København)
ProducteurRonnie Fridthjof
ProducteurSara Stockmann
Distributeur d'origine DistriB Films (Neuilly sur Seine)
Directeur de la photographieLars Skree
Ingénieur du sonRasmus Winther Jensen
Compositeur de la musique originaleUno Helmersson
MonteurPer K. Kirkegaard

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Malgré son nom, Armadillo n’est pas un documentaire animalier sur le tatou mais le nom d’un camp aménagé en Afghanistan à la frontière des territoires contrôlés par les Talibans. Pendant six mois, le Danois Janus Metz a suivi le quotidien d’un régiment, depuis le départ - dernier repas familial, fête "de mecs", séance d’adieux à l’aéroport - jusqu’au retour au Danemark. Le film, récompensé par le Grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes, prête au débat. D’abord parce qu’en suivant la vie des soldats, il met en exergue ce que plusieurs cinéastes (comme Kathryn Bigelow avec l’oscarisé Démineurs) avaient déjà traité sur le mode de la fiction : la fâcheuse tendance qu’ont les soldats à se prendre pour des héros de jeux vidéo quand on leur met un fusil entre les mains. Ensuite parce que la mise en scène et le montage du film, la dramatisation des événements, amincissent encore la frontière entre fiction et documentaire, au point que le film ne présente pratiquement aucune différence notable avec Redacted par exemple. Car, au lieu de décrire le quotidien des soldats à la manière d’un reportage, Armadillo s’oriente ostensiblement vers le film à thèse, tout comme le faux documentaire de Brian de Palma. Après une première heure plutôt longuette pendant laquelle les soldats piétinent dans les champs et font de la gonflette à leurs heures perdues, histoire de pouvoir tomber la chemise sans avoir l’air de gringalets, une mission permet aux plus téméraires d’aller donner une leçon à ces fameux Talibans qu’ils ont appris à haïr, à force d’expéditions ratées. En six mois, les jeunes recrues ont eu le temps de devenir amers, de s’ennuyer, d’avoir peur enfin de tous les civils, au milieu desquels ils s’avouent incapables de reconnaître les potentiels terroristes. Parmi les volontaires, les deux "héros" du film : Daniel, un grand blond à la langue bien pendue, et Mads, un petit brun aux airs d’adolescent tenté par l’aventure. Et, bien sûr, le cinéaste. S’ensuit une séquence à la Full Metal Jacket, qui perd les soldats dans les ruines d’une ferme afghane avant qu’ils ne massacrent les fameux Talibans. La caméra se perd dans tous les sens, le réalisateur se met à jurer, jusqu’à la victoire de la section, qui revient triomphalement à Armadillo se vanter d’avoir vidé les chargeurs de leurs fusils sur cinq Afghans agonisants. L’image se stabilise, et le réalisateur tient enfin son sujet. Si de nombreuses fictions avaient déjà abordé ces thèmes, si les images de soldats posant devant des Irakiens humiliés avaient déjà scandalisé, Armadillo, justement parce qu’il s’agit d’un documentaire, vient réalimenter le débat sur la cruauté humaine lorsqu’elle est érigée en exemple ; sur l’addiction des soldats à l’adrénaline ; et, d’un point de vue esthétique, sur le rôle du cinéma et de l’image. Car, devenu malgré lui le témoin de ce qui pourrait devenir une affaire d’État, Janus Metz prend peu de distance et ne nous épargne rien. Ce qui rend le film à la fois discutable et diablement efficace.
© LES FICHES DU CINEMA 2010
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