Autobiografia lui Nicolae Ceausescu (2009) Andrei Ujica

L'Autobiographie de Nicolae Ceausescu

Pays de productionRoumanie
Sortie en France13 avril 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée180 mn
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Générique technique

RéalisateurAndrei Ujica
ScénaristeAndrei Ujica
Société de production Icon Productions
ProducteurVelvet Moraru
Distributeur d'origine Mandragora Movies (Bucarest)
Ingénieur du sonDana Bunescu
MonteurDana Bunescu

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Balayant trois décennies (1965-1989), L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu raconte la vie d’un homme, chef d’État autoritaire et mégalomane, l’histoire d’un pays, la Roumanie, et aussi toute une époque : celle des grands bouleversements sur l’échiquier politique mondial. Ce documentaire vient clore une trilogie consacrée à la fin du communisme, qu’Andrei Ujica avait entamée, en 1992 en compagnie du cinéaste expérimental, Harun Farocki, avec Vidéogrammes d’une révolution, et poursuivie seul avec Out of the Present (1995). Le premier regardait à la loupe la Révolution de 1989, et le deuxième suivait le cosmonaute Sergueï Krikaliov, qui était à bord de la station spatiale Mir tandis que l’Union Soviétique se démantelait. Ce dernier volet s’intéresse, patiemment et obstinément, à celui qui fut omniprésent dans le quotidien des Roumains, plus de trente années durant (Ujica, pour sa part, a vécu sous le régime Ceausescu de ses 14 à 29 ans, avant d’émigrer). Suivant les pas du dictateur roumain, le film, au lieu de coller au point de vue de son "héros", adopte des formes qui permettent à son auteur d’être tout à la fois dedans et dehors : cette Autobiographie est ainsi entièrement psychologique, sans user de la psychanalyse, et elle est gorgée de politique, sans recourir au discours. Documentaire de 3h, le film d’Andrei Ujica s’offre un luxe déroutant (le même que pour Vidéogrammes..., des années plus tôt) : il n’est composé d’aucune image tournée par le cinéaste lui-même. Immense compilation d’archives vidéo (plus de 1 000 heures ont été ici digérées) du Conducator himself, qu’aucune voix ne vient commenter - autre luxe appréciable -, L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu se fait doublement acte politique, en posant la question de la nécessité de "faire de l’image" et en interrogeant le sens des images préexistantes. Le documentaire se regarde ainsi comme une fiction, une autofiction plutôt : celle d’un homme déchu qui regarde derrière lui ses trente glorieuses années de règne. De ses rencontres avec les plus grands dirigeants de la planète, qu’ils soient démocrates ou dictateurs (incroyable séquence fastueuse en Corée du Nord et succession de poignées de mains déférentes), à ses vacances avec Elena, sa femme, nous assistons à une fusion incessante, hypnotique et fascinante, entre la soumission des images et la vanité d’un homme. Le tout est emballé dans un souffle épique qui jamais, lui non plus, ne cède à l’ennui. Andrei Ujica atteint là son but : de cette fusion naît un regard interloqué, profondément critique, car la démarche du cinéaste, semblable à celle d’un artiste - Ujica a d’ailleurs reçu plusieurs commandes de la Fondation Cartier pour l’art contemporain -, est de nous donner à voir et à penser, autant qu’à (res)sentir, le rôle d’une image protocolaire, la construction d’un règne sans partage, l’inconscience d’un couple qui se pensait intouchable et crut en sa propre mise en scène.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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