Synopsis
Pendant un an, Michael Whyte a suivi la vie quotidienne de religieuses carmélites dans un monastère de Londres. Coupées du monde, les soeurs ont fait voeu de silence, et ne dérogent à cette règle que pour chanter, lors des fréquentes prières de la journée, ou pendant leurs temps de loisirs. Le reste du jour, elles se déplacent donc comme des ombres muettes, se saluant d’un mouvement de tête. Aucun bruit de l’extérieur ne vient perturber leur paix. Elles travaillent silencieusement, ne regardent pas la télévision et évitent de sortir (elles font même leurs courses sur Internet pour ne pas se rendre à l’extérieur). Pour Soeur Christine Marie de la Trinité, ce silence presque total n’est pas une contrainte mais au contraire "une musique", un lieu de "grâce", "de vie et d’espoir", propice à la réflexion qui occupe les soeurs presque toute la journée. Le documentaire mêle le récit d’une journée, depuis le réveil jusqu’à l’extinction des feux, et le déroulement d’une année. À ces deux principales lignes narratives, s’ajoutent de petites histoires, comme les différentes étapes de la fabrication des hosties, qui rythment ce film très contemplatif. La caméra en effet se fige souvent pour regarder les soeurs prier, seules ou lors des nombreuses cérémonies collectives de la journée (messes, dévotions, etc.). Les religieuses ayant fait voeu de silence, les prises de parole n’abondent pas, et seules trois soeurs, dont la prieure, se confient au spectateur. Cette restriction des témoignages se révèle assez frustrante, car, si l’on pressent une multitude de caractères, on ne parvient pas vraiment à connaître les personnages de ce documentaire. Or, l’intérêt du film ne provient ni de la description des rituels, ni de sa valeur esthétique (l’image, en effet, est très mauvaise), mais des paroles recueillies, et, tout particulièrement, celles de la prieure, qui a connu une longue période de doute. C’est moins le cas d’une autre religieuse, qui préfère évoquer sa foi à travers les images de poètes ou de philosophes, et s’épanche davantage sur les principes de vie des carmélites que sur son cas personnel. Le réalisateur s’intéresse précisément à la Semaine sainte, depuis le dimanche des Rameaux jusqu’à la veillée pascale. Le documentaire s’axe alors sur la condition essentielle de la foi catholique : l’espérance d’une vie après la mort. Une mort à laquelle se préparent chaque jour les religieuses, pour la plupart déjà âgées. Cette mort, elles ont su la rendre quotidienne et elles n’en ont plus aucune peur. Cette mort, on la voit ritualisée lorsqu’une soeur âgée décède : la caméra suit alors les différentes étapes des funérailles, depuis la veillée du cercueil ouvert jusqu’aux derniers coups de pelle du fossoyeur. Le mystère est résumé très pragmatiquement par la prieure : "S’il y a une vie après la mort, je suis heureuse de savoir qu’il y aura quelqu’un pour m’accueillir. Et si jamais il n’y a rien après la mort, il n’y aura de toute façon personne pour me le dire".
© LES FICHES DU CINEMA 2010
