O somma luce (2009) Jean-Marie Straub

Pays de productionFrance
Sortie en France05 janvier 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée74 mn
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Générique technique

RéalisateurJean-Marie Straub
Auteur de l'oeuvre originale Danted'après : " le dernier chant du Paradis de la Divine Comédie "
Coproduction Pierre Grise Productions (Paris)
Coproduction Straub-Huillet Films
ProducteurMartine Marignac
Distributeur d'origine Baba Yaga Distribution (Paris)
Directeur de la photographieRenato Berta
CadreurRenato Berta
Ingénieur du sonJean-Pierre Duret
MonteurJean-Marie Straub

générique artistique

Giorgio Passerone

Bibliographie

Synopsis

Fidèle à ses habitudes, Jean-Marie Straub propose à nouveau dans O Somma luce une adaptation, en l’occurrence une lecture, du dernier chant du Paradis de La Divine comédie de Dante Alighieri par Giorgio Passerone. Le film est précédé dans sa programmation d’autres courts métrages du réalisateur, Europa 2005 - 27 octobre, Joachim Gatti et Corneille-Brecht... dans ses différentes versions. Plus d’une heure donc de courts métrages obscurs, répétitifs - autre trait caractéristique du réalisateur -, et un nombre de plans minimal. Parmi ces films, seul Europa 2005 - 27 octobre ne s’appuie pas sur une lecture. Straub, à qui on avait commandé une suite d’Europa 51, avait alors filmé le célèbre transformateur d’électricité de Clichy-sous-Bois. Le réalisateur montre les panneaux d’avertissement peints sur le mur, la maison qui lui fait face, laisse un chien aboyer. Le plan se répète, ce qui permet au spectateur de méditer sur cet enterrement cinématographique des deux jeunes morts électrocutés après s’être cachés de la police (ou de jouer au jeu des sept erreurs). Dans Joachim Gatti, Straub utilise Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau pour incriminer la police qui, en 2009, avait tiré au flash-ball sur le réalisateur Joachim Gatti, qui avait alors perdu un oeil. Vient ensuite Corneille-Brecht..., dans lequel une actrice récite les imprécations de Camille dans Horace ("Rome, unique objet de mon ressentiment"...), moment assez pénible car sa diction n’a rien de suave ; puis une autre actrice récite en allemand un texte de Brecht, Le Procès de Lukullus. Le cinéaste n’a pas poussé le vice jusqu’à nous priver des sous-titres, ce qui permet aux néophytes de découvrir ce très beau texte, par ailleurs admirablement lu dans la plus pure tradition brechtienne. Vient enfin O Somma luce, dans lequel l’Italien Giorgio Passerone récite Dante devant une colline boisée. Là encore, le spectateur n’échappera pas à la répétition qui souligne le travail du comédien - comme un peintre devant sa toile -, révélant la lutte, la tension, à l’oeuvre entre l’interprète et le texte autant qu’entre l’image et les mots. Pour autant, n’en déplaise aux aficionados, il n’est nul besoin de comprendre les objectifs du réalisateur ni même le sens de ses films pour les apprécier. Car, par son usage radical du plan-séquence et son emploi opiniâtre du plan fixe, Jean-Marie Straub renvoie le cinéma à sa plus pure expression et, partant, installe - à nouveau ? - le spectateur dans sa posture originelle. Les films de Straub réapprennent à voir. C’est lorsqu’on se laisse happer par la durée méditative des plans que le charme agit, que l’on finit par être interpellé par des détails inattendus : le jeu du vent, un rayon de lumière ou une intonation particulière. Et si tous ces courts métrages sont des réflexions de l’auteur sur l’interprétation, il n’en voudra à personne de les interpréter comme bon lui semble.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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