Synopsis
Hormis les amateurs de trekking, de bouddhisme tibétain ou de géographie, bien peu d’Occidentaux sauraient sans doute situer le Zanskar. Aux confins nord-ouest de l’Inde, cette région aride de l’Himalaya, aux vallées situées à plus de 3 400 m d’altitude et isolées par la neige huit mois sur douze, est peuplée de moines, vivant dans des monastères construits à flanc de montagne, et de paysans pauvres, fidèles à la religion de leurs ancêtres tibétains. Soucieux de l’avenir de leur culture et de l’éducation de ses ouailles, leur chef spirituel, le Dalaï Lama, a envoyé deux moines du monastère de Stondge auprès de familles pauvres du Zanskar afin qu’elles leur confient un enfant qui aura l’opportunité de recevoir un enseignement scolaire et bouddhique à Manali, en Inde. Pour ces parents, souvent analphabètes, cette démarche représente une chance qu’un de leurs enfants ait une vie meilleure. Le réalisateur Frederick Marx, producteur indépendant américain, qui a l’habitude de soutenir la cause des opprimés, a suivi les moines Geshe et Lobsang dans cette mission difficile car, une fois ces jeunes enfants choisis, il s’agit de passer à pied et à cheval le col de Shanku, avant qu’il soit bloqué par la neige. Avec une petite équipe et du matériel léger, le cinéaste nous fait vivre les adieux familiaux, la marche pénible et ses dangers (éboulements, froid extrême, épuisement, mal des hauteurs...). Malgré le soin que prennent les moines pour assurer aux enfants un minimum de confort, le voyage est rude. Après l’échec du passage du col, le groupe, composé d’une quinzaine d’enfants, des deux moines et de quelques parents accompagnants, est contraint de louer un van et de passer par le Laddack. À l’issue de cet incroyable périple, les enfants découvrent Manali, sa verdure et une douceur qui leur était inconnue. Admis à l’école ou en noviciat, ils doivent se séparer, dans les larmes, de parents qu’ils ne reverront pas avant plusieurs années. Reçus par le Dalaï Lama, ils entament leur vie de moinillons éduqués. Sans doute ne faut-il pas juger avec nos critères de scolarité laïque et obligatoire et nos yeux d’Occidentaux bien nourris, ce documentaire qui rend visiblement hommage à la volonté d’une communauté, déracinée, minoritaire et opprimée, de maintenir vivante sa culture et sa religion, au prix d’une ténacité et d’un courage qui demandent de tels sacrifices. Le cinéaste qui, malgré l’impressionnante et minérale beauté des lieux, ne recherche pas la belle image, semble soucieux de témoigner, avec un respect proche de la révérence, de la difficulté à survivre du bouddhisme tibétain. La narration est assurée par Richard Gere, dont on connaît les liens avec le Dalaï Lama. Tout en reconnaissant que sont offertes, par cette démarche, une réelle ouverture sur le monde et une éducation de qualité à ces enfants destinés à la vie monastique, on ne peut s’empêcher de penser que, compte tenu de leur très jeune âge, leur libre arbitre et leur choix profonds ne sont pas forcément respectés.
© LES FICHES DU CINEMA 2011