Traduire (2010) Nurith Aviv

Pays de productionFrance
Sortie en France19 janvier 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée70 mn
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Générique technique

RéalisateurNurith Aviv
ScénaristeNurith Aviv
Société de production Les Films d'Ici (Paris)
Société de production Laila Films (Tel Aviv)
Coproduction KTO TV
ProducteurSerge Lalou
ProducteurItai Tamir
Directeur de productionFlorence Girot
Directeur de productionFlorence Gilles
Distributeur d'origine Les Éditions Montparnasse (Paris)
Directeur de la photographieNurith Aviv
Directeur de la photographieSarah Blum
Directeur de la photographieItay Marom
Ingénieur du sonNicolas Joly
Ingénieur du sonMichael Goorevich
MixeurMichael Goorevich
Compositeur de la musique originaleWerner Hasler
MonteurEffi Weiss

générique artistique

Sandrick Le Maguer
Angel Sáenz-Badillos
Yitshok Niborski
Anna Linda Callow
Sivan Beskin
Manuel Forcano
Chana Bloch
Anne Birkenhauer
Rosie Pinhas-Delpuech
Ala Hlehel

Bibliographie

Synopsis

Tout commence par une fable : en guise de prologue, une voix off raconte la traduction de la Torah en grec. Ce mythe inaugural, où la traduction de l’hébreu biblique oscille entre miracle et catastrophe, suggère d’emblée qu’on ne se contentera pas ici des habituels questionnements sur le "traduttore, traditore". Plusieurs traducteurs évoquent le défi que constitue la stratification culturelle et linguistique propre à l’hébreu : les mots laissent affleurer une multitude de sens et de références. Et l’histoire de cette langue est indissociable d’une tradition de commentaire qui fascine ceux qui viennent, par la traduction, s’inscrire dans cet héritage. Ainsi S. Le Maguer, s’intéressant au fonctionnement du "midrash", ou A.L. Callow expliquant ce qui, dans les textes de S. Y. Agnon, soumet la traduction à l’érudition. Loin de n’offrir qu’un discours théorique et technique, les intervenants inscrivent leur travail dans des trajectoires intimes. Leur activité résulte d’une expérience existentielle ou d’une rencontre décisive avec des auteurs et des oeuvres, d’Ibn Gabirol à David Grossman. Certains sont également écrivains : l’écriture et la traduction se nourrissent alors l’une l’autre, traduire étant, rappelle Ch. Bloch, une formidable école d’écriture. Sans compter que, pour y faire résonner un écho de l’hébreu, les traducteurs jouent parfois avec les limites de la langue d’accueil. Nurith Aviv (D’une langue à l’autre, Langue sacrée, langue parlée) fait preuve de son habituelle sobriété : chaque séquence est construite à l’identique, en une succession de plans fixes. Cette monotonie peut lasser, mais a le mérite de mettre en valeur la parole sans renoncer au pouvoir évocateur de l’image. Ainsi, filmé chez lui, le traducteur apparaît d’abord dans la pénombre, immobile à côté d’une fenêtre. Extérieur et intérieur, obscurité et lumière : c’est le mouvement même de la traduction qui est suggéré à chaque nouvelle séquence. Quelques plans sur l’environnement dans lequel ils habitent ponctuent le discours des traducteurs : impossible de ne pas songer, devant ces architectures disparates réparties sur trois continents, à la dispersion de Babel. D’autant que chacun s’exprime dans la langue vers laquelle il traduit : français, castillan, yiddish, italien, hébreu, catalan, anglais, allemand, arabe parlé, palestinien. Aucun spectateur ou presque ne saurait se passer du sous-titrage, qui fait du film lui-même une traduction permanente. Ni tour de Babel, donc, ni tour d’ivoire : le travail des traducteurs suppose une présence au monde et à l’autre. Rien ne le montre mieux, sans doute, que le dernier intervenant, A. Hlehel, Arabe israélien : pour lui, l’hébreu est à la fois la langue de l’oppression politique et celle d’Hanoch Levin, celle de la culture. La traduire l’incite à secouer le joug de l’arabe classique, cette autre langue sacrée, et devient l’occasion de travailler l’arabe parlé pour lui donner une dignité littéraire. Ces visages et ces voix tracent en somme un très beau portrait du traducteur en humaniste.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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