Cuchillo de Palo (2010) Renate Costa

108 - Cuchillo de Palo

Pays de productionEspagne
Sortie en France23 mars 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée93 mn
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Générique technique

RéalisateurRenate Costa
ScénaristeRenate Costa
Société de production Estudi Playtime (Barcelona)
Coproduction TV3 - Televisió de Catalunya (Barcelona)
ProducteurMarta Andreu
ProducteurSusana Benito
Distributeur d'origine Urban Distribution (Montreuil)
Directeur de la photographieCarlos Vásquez
Ingénieur du sonAmanda Villavieja
MonteurNuria Esquerra
MonteurCarlos García

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Au Paraguay, caméra au poing, Renate Costa interroge sa famille et son entourage pour comprendre les circonstances de la mort de son oncle. Inlassablement, elle s’entend répondre qu’il est "mort de tristesse". Or, dans les souvenirs de la réalisatrice, il était l’expression même de la gaieté et de la joie de vivre. Face aux silences de son propre père, frère du défunt, elle décide de reconstituer l’histoire de son oncle Rodolfo. Son film devient alors un passionnant portrait en forme d’enquête, mêlant son histoire familiale à l’histoire de son pays. Dans les années 1980, le Paraguay était encore sous la coupe du général Stroessner qui, de 1954 à 1989, a dirigé le pays après un coup d’État, imposant ce qui a été, en Amérique latine, l’une des plus longues dictatures du XXe siècle. Dans la famille de Rodolfo, tous les garçons devenaient forgerons comme leur père. Mais le jeune homme avait préféré devenir danseur professionnel. Il fut dès lors considéré comme un "cuchillo de palo" (littéralement "couteau de bois", expression signifiant vilain petit canard) avant d’être publiquement banni. Arrêté, torturé et inscrit sur la liste officielle des "108 homosexuels", Rodolfo n’avait rien d’un opposant politique, mais il est devenu le symbole de tout ce qu’un régime comme celui de Stroessner ne pouvait admettre : un homme qui décide de sa propre vie, allant à l’encontre de tout ce que lui impose son milieu social et familial. Aujourd’hui, malgré la chute de la dictature et même si l’élection à la tête du pays de l’ancien évêque Fernando Lugo laisse présager de profonds changements, la liste noire des "108" reste encore profondément inscrite dans les mentalités. Pour preuve, les interviews que mène adroitement Costa, à commencer par celle de son père, qui révèlent combien les souvenirs de la terreur et le poids de la religion pèsent encore sur les consciences. Les silences, les omissions, les regards fuyants sont d’une éloquence rare. Ils racontent une souffrance toujours à vif et témoignent encore d’une forme d’homophobie ordinaire. S’engageant de plus en plus personnellement dans ces échanges, la réalisatrice s’impose peu à peu comme un personnage à part entière de son enquête. Le portrait de son oncle devient alors aussi celui de ses rapports difficiles avec son père, symptomatiques de l’opposition de deux générations qui tentent de se retrouver malgré les regards différents qu’elles portent sur l’histoire de leur pays. Costa réussit là un exercice brillant : s’impliquer totalement, tout en maintenant la distance nécessaire à la bonne marche de son film. En plus du vibrant hommage qu’elle rend à son oncle, la cinéaste touche du doigt l’essence même de ce qu’est la liberté individuelle : une liberté à défendre sans cesse. Documentaire à la fois intime et militant, poignant et rude, 108 rappelle l’importance, la pertinence et la nécessité d’un travail de mémoire mené avec intelligence et dignité.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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