Synopsis
?Implantés dans le Sahara occidental depuis des générations, les Touaregs ont vu leur territoire régulièrement contesté par les puissances coloniales et les pays frontaliers. L’occupation française en Algérie, qui les somme de se sédentariser, les oblige à entrer en résistance. Les pays nés du retrait français après l’indépendance (Mali, Niger...) les persécutent. Ils trouvent asile en Libye où certains s’installent et apprennent à manier les armes avec la bénédiction du colonel Kadhafi. Enrôlés dans l’armée libyenne, ils se militarisent. De retour dans le Sahara, ils livrent des combats contre le Niger et le Mali. Au milieu des années 1990, des accords de paix sont signés entre les belligérants au Burkina Faso. Promesse leur est faite d’un arrêt des combats et la fin de l’occupation de leur territoire. Pendant une dizaine d’années, les Touaregs attendent en vain le retrait des troupes occupantes. Malheureusement, un important gisement d’uranium est découvert dans le Sahara nigérien. AREVA, l’entreprise française, exploite le site sous la protection du gouvernement, polluant les terres et obligeant les Touaregs à s’exproprier et à reprendre la lutte par les armes. Moussa Ag Keyna et sa compagne Aminatou Goumar vivent en exil à Paris. Il a d’abord appris le métier des armes pour résister à l’occupant avant d’entamer une carrière de musicien en créant le groupe Toumast. Son succès lui permet de faire connaître cette culture en Occident et de sensibiliser l’opinion au combat touareg. C’est par l’intermédiaire de ses mots et de son art que D. Margot nous raconte l’histoire douloureuse des Touaregs. Elle le suit dans ses allers-retours entre France et désert, jouant sa musique à Cannes ou auprès des siens, au pays. La réalisatrice éprouve une évidente empathie pour ce peuple, dont elle épouse la cause sans réserve. On cherche donc en vain quelques éléments critiques, une parole discordante qui nuancerait l’hagiographie. N’y a-t-il pas de luttes de pouvoirs, de dissensions internes dans ces factions ? Le film choisit plutôt de sensibiliser le spectateur, cherche d’abord son adhésion. Les images, soignées, captent la photogénie du désert, les enjeux historiques sont développés avec clarté, quitte à faire l’impasse sur des éléments à charge qui semblent tacher la cause touareg, comme les pratiques esclavagistes ou les affrontements inter-communautaires. On peut aussi regretter que cette destinée d’un peuple soit évoquée avec peu d’ampleur, car l’empathie, le message évident à livrer, freinent le souffle épique. La transe générée par la musique touareg, pourtant puissante et séduisante, portée par les guitares électriques, peine à passer l’écran, ne trouvant pas d’équivalent filmique autre que la simple captation de concert. Toumast (qui signifie "identité") informe, instruit, mais ne donne pas beaucoup de travail au spectateur, frustré d’une certaine complexité qui aurait pu donner du relief à un film un peu plat mais agréable à suivre.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
