Lieux saints (2008) Jean-Marie Teno

Lieux saints

Pays de productionCameroun ; France
Sortie en France04 mai 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée70 mn
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Générique technique

RéalisateurJean-Marie Teno
Coproduction Les Films du Raphia
Coproduction Raphia Film Productions (Yaoundé)
Distributeur d'origine Les Films du Raphia
Directeur de la photographieCrystel Fournier
Ingénieur du sonJean-Marie Teno
MixeurChristophe Héral
Compositeur de la musique originale Smockey
Compositeur de la musique originale The Alloy Orchestra
Compositeur de la musique originaleJules César Bamouni
Compositeur de la musique originaleFranck Héral
MonteurChristiane Badgley
MonteurJean-Marie Teno
MonteurJane Gillooly

générique artistique

Nanema Boubacar
Jules César Bamouni
Abbo
Idrissa Ouedraogo

Bibliographie

Synopsis

Cinéaste camerounais reconnu notamment pour ses documentaires sur l’histoire coloniale et ses conséquences (Afrique, je te plumerai, Le Malentendu colonial), Jean-Marie Teno signe avec Lieux saints un film davantage en prise avec la réalité actuelle de l’Afrique, avec sa culture, et notamment avec son cinéma. Posant sa caméra dans un quartier défavorisé de Ouagadougou, au Burkina Faso, il dresse le portrait de trois hommes impliqués dans la vie locale. Bouba gère une sorte de vidéoclub/ciné-club majoritairement approvisionné en films étrangers. Jules Cesar, artisan et musicien traditionnel, fabrique des djembés dont il joue pour attirer les foules. Abbo, vieil écrivain de rue, décore les murs de la ville avec des citations philosophiques. L’image, le son et les mots : chacun des trois hommes représente quelque chose de cette lutte pour une reconnaissance des arts africains face à l’hégémonie culturelle étrangère. Teno fait du vidéoclub, lieu (saint ?) de passage et d’échange, l’axe central de son film, à partir duquel il dévoile les autres portraits, les autres facettes de ce quartier pauvre, microcosme dont il fait le symbole évident de l’Afrique dans son ensemble. De fait, la figure de Bouba domine le documentaire. Son commerce fonctionne difficilement et l’effort qu’il doit fournir pour accéder à des films africains, les assimilant à de véritables produits de luxe, apparaît comme le symptôme douloureux de la situation culturelle du continent. Le cinéma africain a un peu plus de cinquante ans, soit l’espérance de vie moyenne en Afrique : Teno y voit là un moment charnière, un symbole, dans l’histoire de ce cinéma à la limite de la disparition. Filmés avec empathie, les divers témoignages de Bouba représentent la contribution majeure et la plus intéressante de Lieux saints. En comparaison, les autres portraits, de même que les autres facettes évoquées - la coexistence des religions musulmane et catholique ou l’intérêt modéré des habitants pour la politique - apparaissent trop anecdotiques, laissant l’impression qu’ils ne sont qu’effleurés, sans que leur soit accordée l’importance qu’ils ont vraiment dans la réalité. Peut-être Teno tente-t-il là de ratisser trop large... Pour autant, la manière délicate avec laquelle il saisit l’atmosphère de la rue, sa façon de rendre Ouagadougou hautement cinégénique et l’énergie brute des personnages qu’il filme rattrapent largement cette maladresse. Finalement, Lieux saints se termine sur une petite victoire, Bouba réussissant enfin à mettre la main sur des films africains, issus de DVD probablement piratés, qu’il pourra diffuser dans son vidéoclub. S’il est impossible de déterminer l’avenir du cinéma d’Afrique, et de sa diffusion dans le continent, Teno montre qu’au moins certains font l’effort de le maintenir en vie. Une jolie note d’optimisme, qui vient contrebalancer un peu un constat général plutôt amer et le ton mélancolique du film.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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