Prud'hommes (2009) Stéphane Goël

Pays de productionSuisse
Sortie en France08 juin 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée85 mn
>> Rechercher "Prud'hommes" dans le catalogue Ciné-Ressources
imprimer

Générique technique

RéalisateurStéphane Goël
Distributeur d'origine Blaq Out (Paris)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

?Le style Depardon a largement fait école dans le cinéma documentaire français, et cela se voit de plus en plus. Ainsi, Prud’hommes reprend à peu près exactement la méthodologie du cinéaste : s’infiltrer dans un milieu professionnel précis, et l’observer à la loupe dans son fonctionnement. Cette observation se fait uniquement à travers les interactions entre les participants, pris dans leur quotidien, sans qu’aucune voix off ou montage manipulateur ne vienne fausser la donne. Le fait que ce milieu soit judiciaire renforce bien sûr le lien avec Faits divers ou 10e chambre, instants d’audience de Depardon. Et, de fait, les ressemblances entre ces films sont nombreuses, avec ces plaignants qui se heurtent à des avocats ou des juges tentant tant bien que mal d’arbitrer. Bien entendu, et comme son titre l’indique, Prud’hommes ne plonge pas dans les affres de la criminalité, puisqu’il se concentre sur les problèmes liés au travail. Le film, qui se déroule en Suisse, suit des sessions où les prud’hommes sont saisis, et où les plaignants viennent exposer leur cas en espérant une conciliation ou, au contraire, un vrai procès. Sont donc exposés devant la caméra des dossiers, toujours liés à un problème de licenciement abusif, et défilent alors une galerie de personnages parfois touchants, mais qui peuvent également prêter à rire. Seules quelques notes de guitare électrique viennent de temps à autre briser l’agencement sobre et rigide du documentaire. Sa plus grande qualité est de nous mettre face à face avec cette question centrale : notre rapport avec le monde du travail, devenu de plus en plus problématique avec les années. Les prud’hommes sont, certes, présents, mais ne constituent pas vraiment le coeur du film. Ils rendent quelques jugements, commentent parfois les cas de façon sarcastique, mais leur processus de décision, leur vision du monde du travail demeurent opaques et un peu lointains. Le vrai sujet de Prud’hommes, c’est bien davantage la personnalité de plaignants, qu’il s’agisse d’une femme sans papiers exploitée ou d’un chauffard vaguement alcoolique. L’impuissance de certains contraste avec le triomphe d’un autre et, au bout du compte, le tableau qui se dégage de l’ensemble demeure un peu confus. Pourquoi certains obtiennent-ils ce qu’ils veulent quand d’autres sont déboutés ? Cela reste assez mystérieux. Et peut-être est-ce délibéré de la part du réalisateur, qui tient son film loin de toute conclusion ou explication facile. Reste la vision de gens qui souffrent, de plaintes parfois désespérées et d’une certaine incompréhension entre les parties, qui ne semble pas prête de s’atténuer, comme on le voit dans un dialogue de sourds entre deux avocats, qui illustre parfaitement l’abîme entre deux mondes totalement hermétiques.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
Logo

Exploitation