Duch, le maître des forges de l'enfer (2010) Rithy Panh

Pays de productionFrance ; Cambodge
Sortie en France18 janvier 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée110 mn
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Générique technique

RéalisateurRithy Panh
Société de production CDP - Catherine Dussart Productions
Coproduction INA - Institut National de l'Audiovisuel
Coproduction France Télévision Cinéma (Paris)
Coproduction Bophana (Phnom Penh, Cambodge)
ProducteurCatherine Dussart
Directeur de productionCheap Sovichea
Distributeur d'origine Les Acacias (Paris)
Directeur de la photographiePrum Mésar
Directeur de la photographieRithy Panh
Ingénieur du sonSear Vissal
MixeurMyriam René
Compositeur de la musique originaleMarc Marder
MonteurMarie-Christine Rougerie
MonteurRithy Panh

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Rithy Panh (Les Gens de la rizière, Le Papier ne peut pas envelopper la braise) poursuit son travail, à la fois fictionnel et documentaire, sur le génocide du peuple cambodgien, son peuple (la barbarie des Khmers Rouges a fait près d’un million huit cent mille victimes, soit un quart de la population cambodgienne, en l’espace de quatre années, de 1975 à 1979). Après avoir filmé dans son documentaire S21, la machine de mort khmère rouge (2002), le terrifiant centre de détention Tuol Sleng, à Phnom Penh, le réalisateur précise son point de vue et ne se concentre, cette fois, que sur le chef de la prison, vers lequel convergeaient tous les témoignages de S21. Kaing Guek Eav, dit Duch, tenait d’une main de fer cette "machine de mort", qui a fait près de 13 000 victimes. Consciencieux, efficace, cultivé, sincère, redoutable, avide de survivre, ambitieux et soucieux de grimper au sein du parti, Duch est une figure du XXe siècle. Cet ancien professeur de mathématiques débuta son ascension dans les rangs des Khmers Rouges en s’occupant d’un camp de rééducation, le M13, avant d’intégrer le Santebal (la police politique de l’Angkar) et de diriger le sinistre S21. Bien des aspects de sa personnalité et son mode de fonctionnement rappellent les hauts dignitaires nazis : même morgue, même précision, même absence de repentance, même banalité. À cela près que le dignitaire khmer est, au moment du tournage de ce documentaire, encore en attente de son jugement. D’où une attitude qui alterne entre une franchise glaçante, qui a trait à sa personnalité, et de surprenantes tentatives de séduction. L’homme a encore l’espoir de se voir acquitté et pardonné (il sera finalement condamné à trente-cinq ans de prison, jugement dont il fera appel). Le grand mérite du documentaire de Panh est l’apparente simplicité de son dispositif. Duch est invité à raconter, se raconter (sur plus de 300 heures de rushes). Le réalisateur n’apparaît jamais à l’image. À aucun moment on ne sent pointer ni l’indignation ni le jugement du cinéaste sur son interlocuteur. Et justement, grâce à cela, ce dernier se laisse aller. Il vante ses mérites, fait part de ses regrets, et surtout se grise à revivre sa puissance passée : ses yeux brillent, son torse se bombe, il semble grandir et nous surplomber. Avant de se ressaisir et de reprendre une posture plus neutre. Lors de ces moments précieux, le spectateur est mis à la place des victimes, face au bourreau. Rithy Panh a réussi le tour de force de piéger malgré lui cet habile personnage. Le vieux démon se remet en branle avec une étonnante facilité, malgré cet apparent contrôle sur lui-même. Le réalisateur a saisi l’homme là où il est vulnérable : sa vanité, son appétit de puissance. La banalité du mal qu’on évoque souvent perd alors de sa pertinence quand on assiste à de telles envolées : l’homme a tous les attributs de la mégalomanie meurtrière. La banalité semble, ici, être davantage un camouflage. On ressort bousculé d’un tel documentaire. D’abord sonné d’avoir été mis face à ce qu’il y a de maléfique dans l’Homme. Et triste ensuite de songer que de tels comportements font et feront toujours partie de notre nature humaine.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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