Synopsis
?Le 28 décembre 1962, Michel Petrucciani naît à Orange, dans le sud de la France. Dès ses premiers jours, il s’avère que le nouveau-né souffre d’une ostéogenèse imparfaite rendant ses os très cassants. Son développement osseux aura différentes conséquences sur sa morphologie. En parallèle, dès son plus jeune âge, il est initié au jazz par un père semi-professionnel. À l’instar de Mozart, autre jeune prodige, il se produit très tôt en public, au piano. Le jazz étant apparu aux États-Unis, il ne pouvait manquer de s’y rendre, une fois la reconnaissance artistique acquise grâce à ses concerts dans la vieille Europe, pour aller à la rencontre de ses idoles : les stars du jazz nord-américain. Les musiciens avec lesquels il joue ne sont pas les seuls à tomber sous son charme : le jeune Michel multiplie les conquêtes féminines. Sans rancune, ses femmes se succèdent devant la caméra de Michael Radford pour raconter leurs souvenirs des moments passés à ses côtés. À la fin du film, on apprend le décès du musicien, dans une rue de New York, le 6 janvier 1999. Michel Petrucciani : ce portrait du célèbre pianiste s’avère hélas aussi inventif que son titre ! En effet, Michael Radford (1984, Le Facteur) se contente de mettre en images une biographie linéaire, débutant par la naissance de l’artiste et se terminant, après avoir scrupuleusement respecté la chronologie, par sa mort. Entre les deux, des images d’archives, des interviews, des entretiens, réalisés aujourd’hui, avec les proches de Petrucciani. Tous le présentent naturellement comme un génie. Autrement dit, voici une biographie hagiographique, qui ne se démarque aucunement d’une vision romantique de l’artiste, détruit par ses addictions mais perpétuellement génial ! Michael Radford se contente ici de répondre à une commande, justifiée par l’actuel intérêt du public pour les biopics (documentaires ou fictionnalisés). Michel Petrucciani est une célébrité française qui a fait l’essentiel de sa carrière aux États-Unis. Lui consacrer un documentaire n’est donc pas une démarche anodine de la part d’un producteur français. Surtout si le film est réalisé par un Américain et scénarisé "à l’américaine", en utilisant le handicap de l’artiste comme le ressort essentiel d’une success story alimentant le mythe du "self made man" ("rien n’arrête celui qui a décidé de suivre son chemin")... Le travail de recherche du documentariste (qui n’a jamais rencontré le musicien de son vivant), est très limité : il ne s’intéresse ni au contexte historique et social dans lequel se déroule la vie de Petrucciani, ni véritablement à la musique et à la créativité du jazzman. Il en résulte donc un film qui reste toujours au niveau de l’anecdote (avec de lourdes allusions à la sexualité de Petrucciani pour signifier qu’il était un homme tout à fait accompli) : on était en droit d’attendre plus et mieux d’un documentaire sur un tel personnage !
© LES FICHES DU CINEMA 2011
