Ici, on noie les Algériens (2010) Yasmina Adi

Pays de productionFrance
Sortie en France19 octobre 2011
Durée90 mn
DistributeurShellac (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurYasmina Adi
ScénaristeYasmina Adi
Société de production Agat Films & Cie
Coproduction INA - Institut National de l'Audiovisuel
ProducteurBlanche Guichou
ProducteurGérald Collas
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieLaurent Didier
Ingénieur du sonPierre Carrasco
MixeurMyriam René
Compositeur de la musique originalePierre Carrasco
MonteurAudrey Maurion

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Plan moyen, intérieur nuit d’une voiture longeant la Seine : une femme âgée, son hidjab encadrant un visage rond avec de petites lunettes, se souvient. Elle s’adresse à son homme, parti il y a cinquante ans, sur injonction du FLN, manifester dans Paris, contre le couvre-feu imposé aux FMA (Français Musulmans d’Algérie) et qui, disparu, l’a laissée seule à 25 ans avec quatre jeunes enfants. Elle s’adresse aussi au fleuve qui, elle en est convaincue, a été le tombeau de son mari. Cette première séquence du film que Yasmina Adi consacre à la manifestation des Algériens, encore français, du 17 octobre 1961, réprimée dans le sang par le préfet de police de Paris Maurice Papon, place d’emblée son enquête du côté des victimes oubliées. Parce qu’elle avait pris la mesure de l’effacement dans la mémoire collective de cet épisode tragique, tronqué, déformé par des médias aux ordres dans les semaines qui ont suivi, puis, rapidement, passé sous silence, la réalisatrice a voulu que "la vérité remplace les non-dits". Elle a pour ce faire accompli un passionnant et minutieux travail de recherche. Recherche des témoins qui interviennent dans le film (manifestants et manifestantes, épouse de disparu, appelé du service sanitaire, médecin), recherche d’archives visuelles et sonores, dont beaucoup inédites. Grâce à une coproduction avec l’INA et à un libre accès aux Archives de la Préfecture de police et aux Archives nationales, Yasmina Adi construit un récit extrêmement prenant. Elle nous fait vivre cette nuit noire et pluvieuse, ainsi que les jours suivants, où des milliers d’Algériens de France, participant pacifiquement à une marche de protestation, virent nombre des leurs arrêtés, blessés, parqués (notamment au Palais des Sports) et pour quelques centaines (les chiffres restent à ce jour controversés) tués, leurs corps jetés dans la Seine, par la police française, avec la complicité de la RATP, en toute impunité. Mise en regard de communiqués officiels, de notifications d’ordres, d’archives de radio et de presse écrite, avec les paroles des acteurs, encore marqués par ce qu’ils ont subi ou vu, ce documentaire est sans conteste une étude remarquable. Remarquable mais partielle. L’auteur ne revendique d’ailleurs pas une exhaustivité d’historienne : son angle est à la fois journalistique et humaniste. Malgré la qualité indéniable de son travail, on regrette d’une part que la cinéaste ait choisi de ne pas évoquer la décision du FLN d’importer, par la multiplication d’attentats, la guerre d’indépendance sur le territoire national, ni les sanglantes dissensions au sein des mouvements indépendantistes. Ces informations n’auraient en rien affaibli son propos. D’autre part, il est dommage que les noms et fonctions d’époque des témoins ne figurent pas à l’image. Au-delà de ces réserves, il faut saluer la mise au jour d’un sombre pan d’histoire étouffé et l’habile montage de ce documentaire, qui emprunte son affiche et son titre au célèbre graffiti du quai Conti, photographié peu après les faits par Jean Texier.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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