Beyond this place (2010) Kaleo La Belle

Cloud Rock, mon père

Pays de productionEtats-Unis ; Suisse
Sortie en France12 octobre 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée95 mn
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Générique technique

RéalisateurKaleo La Belle
Assistant réalisateurJeremy Roth
ScénaristeKaleo La Belle
Société de production DOCMINE Productions AG (Zürich)
Société de production Mixtvision Films
Coproduction SF - Schweizer Fernsehen (Zürich)
ProducteurPatrick Muller
ProducteurSebastian Zembol
Producteur associéEmma Marxer
Producteur exécutifThomas Sterchi
Distributeur d'origine Nour Films (Paris)
Directeur de la photographieKaleo La Belle
CadreurSimon Weber
Ingénieur du sonStephan Heiniger
Compositeur de la musique originaleSufjan Stevens
Compositeur de la musique originaleRaymond Raposa
MonteurTania Stöcklin

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Hippie de la première heure, Cloud Rock, 70 ans, n’a rien renié de ses valeurs. Individualiste forcené, il a voué son existence aux drogues et, en trente ans, n’a vu son fils, Kaleo, qu’à deux reprises, laissant à son ex-femme la charge de l’élever. Quand le père propose au fils une randonnée à vélo dans la région de Portland, celui-ci entreprend d’en tirer un film... C’est au croisement de l’Histoire et de la chronique intime que Cloud Rock, mon père est à son meilleur. Du mouvement hippie, nourri du rejet des valeurs de l’Amérique des sixties, l’auteur explore la face sombre (les enfants de l’amour libre, parfois livrés à eux-mêmes), et sonde les effets sur sa propre vie : ses failles, sa famille éclatée. Ainsi, son demi-frère, Starbuck, resté à Hawaï, près de la communauté fondée par son père, n’a plus toute sa tête - conséquence d’un mauvais trip au LSD ? - et, sans domicile, erre le long des routes. Perpétuellement, Kaleo se heurte à l’égoïsme de son géniteur, comme du reste à l’attrait d’un psychédélisme dont, faute de drogue, nous serons privés (curieux moment que celui où Cloud Rock, sous l’emprise de stupéfiants, évoque la luxuriance de la nature quand, par la caméra de son fils, nous ne voyons qu’un paysage aux teintes passées). De fait, que répondre à l’éthique minimaliste d’un père qui, envers son propre fils, ne s’estime tributaire de rien et qui n’éprouve aucun mal à dire un amour dont il n’a, dans les faits, jamais fourni la preuve ? Qu’opposer au sourire inébranlable d’un homme qui, en le baptisant Ganja - sa mère lui proposerait plus tard d’opter pour un autre prénom -, donnait une bonne idée de ses priorités ? Road-trip modeste, mais d’une justesse constante, et parsemé de témoignages pertinents (la mère de l’auteur, d’anciens hippies ayant renoncé à leur idéal...), Cloud Rock... dispense un charme lo-fi, appuyé par les mélodies de Raymond Raposa et Sufjan Stevens, ami d’enfance de Kaleo, et dont la manière, singulièrement sur les albums Illinoise et Michigan (écheveaux d’autobiographie et de références à l’histoire de son pays) voisine avec la sienne. Sur les flancs du Mont Saint-Helens, où doit s’achever le périple des deux hommes, l’échec de l’entreprise semble patent. Venu chercher des réponses, l’auteur n’aura connu qu’un dialogue impossible. Trente ans ont passé depuis l’éruption du volcan. Les arbres arrachés sont restés, depuis lors, à la surface du lac en contrebas, allant d’une rive à l’autre. L’image est saisissante, et l’auteur, qui investit les lieux d’une charge symbolique, se représente son père voyant tomber les cendres depuis sa maison de Portland. Là, s’affirme pourtant, malgré la rancoeur et les incompréhensions, la constance d’un amour filial, vécu comme un legs, une heureuse malédiction - "ce putain d’amour", selon sa propre expression. Ce constat fait tout le prix du film : Kaleo La Belle est l’enfant de l’amour libre, de l’individualisme, d’une contre-culture aux espoirs émoussés ; il est aussi - et finalement, par bonheur - le fils de son père.
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