Un été + 50 (2010) Florence Dauman

Pays de productionFrance
Sortie en France19 octobre 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée72 mn
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Générique technique

RéalisateurFlorence Dauman
Distributeur d'origine Tamasa Distribution (Paris)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Il y a cinquante ans, Jean Rouch et Edgar Morin proposaient, avec Chronique d’un été, une expérience déterminante. Captant "l’esprit du temps" cher au sociologue et prolongeant le principe de "cinéma vérité" cher au cinéaste, leur film tentait de cerner la question du bonheur par l’image et par le témoignage. Le principe était d’une simplicité audacieuse : comprendre, sur le vif, comment l’on vivait dans la France de cet été 1960. De débats en confidences, de dîners arrosés en micros-trottoirs improvisés, de promenades parisiennes en escapades à Saint-Tropez, la caméra légère de Jean Rouch et les questions aiguisées d’Edgar Morin prenaient le pouls de la jeunesse de l’époque, auscultaient son rapport à l’engagement, au travail, aux idéaux, à l’amour, et exhumaient les fantômes passés (la déportation) et présents (la guerre d’Algérie). Ce faisant, ils créaient l’occasion de rencontres entre ouvriers et étudiants, comme les prémisses de l’euphorie collective de Mai 68, et dessinaient un portrait multiple, fragmenté, qui assumait sa subjectivité et ses artifices, pour mieux révéler une part de vérité. Aujourd’hui encore, Chronique d’un été agit comme un miroir tendu, offert à l’interprétation et à la sensibilité de chaque spectateur. À l’occasion de sa restauration et de sa ressortie en salles, le film se voit accompagné désormais d’Un été + 50 réalisé par Florence Dauman, la fille d’Anatole Dauman, producteur historique de Jean Rouch. Émaillé d’interviews actuelles des principaux protagonistes (notamment Edgar Morin, Régis Debray, tout jeune étudiant à l’époque, et Marceline Loridan-Ivens, qui racontait sa déportation lors d’une poignante promenade nocturne à la Concorde), ce "documentaire sur le documentaire" n’a rien d’une autocélébration nostalgique en forme de making of, propice à alimenter les bonus d’un quelconque DVD. Au contraire, le film choisit de revenir sur Chronique d’un été par ses à-côtés, par sa marge. En montrant les images non retenues au montage final et en les faisant commenter par les intéressés, il dit ce que le film n’est pas, ce qu’il aurait pu être, pour mieux montrer au final ce qu’il est et comment il crée des conditions "d’éruption de la vérité". Il révèle a posteriori les choix de Jean Rouch et Edgar Morin et permet une plongée passionnante dans leur processus créatif. Plus que le portrait d’une époque - qu’il souligne toutefois -, ce documentaire retient de Chronique d’un été tout le subtil jeu - au sens ludique, mais aussi au sens d’articulation - entre documentaire et fiction, réalité et mise en scène, vérité et vraisemblance. C’est une scène de rupture rejouée à l’envi par un couple, par ailleurs très détendu entre chaque prise ; c’est un ouvrier à qui l’on demande de siffler en rentrant du travail ; c’est une conversation entre deux étudiants, dont la morgue dandy empêche toute spontanéité... Une grande leçon !
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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