Territoire perdu (2010) Pierre-Yves Vandeweerd

Pays de productionFrance ; Belgique
Sortie en France30 novembre 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée75 mn
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Générique technique

RéalisateurPierre-Yves Vandeweerd
Assistant réalisateurAnnick Ghijzelings
Société de production Zeugma Films (Paris)
Société de production Cobra Films (Bruxelles)
Coproduction CBA - Centre Bruxellois de l'Audiovisuel (Bruxelles)
ProducteurMichel David
ProducteurAnne Deligne
ProducteurDaniel de Valck
Distributeur d'origine Zeugma Films (Paris)
Directeur de la photographiePierre-Yves Vandeweerd
Ingénieur du sonAlain Cabaux
MixeurAmélie Canini
Compositeur de la musique originaleRichard Skelton
MonteurPhilippe Boucq

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

?Depuis plus de 35 ans, le peuple sahraoui vit en exil en Algérie, chassé de son territoire par l’armée marocaine au prix de sanglants combats. C’est un peuple nomade, sédentarisé malgré lui. Désormais coupé par un mur qui interdit aux populations de revenir sur leurs terres, le Sahara occidental est redevenu un désert hanté par les fantômes d’une guerre latente, toujours en cours. Après plusieurs documentaires sur l’Afrique (Closed Districts, Le Cercle des noyés...), le réalisateur belge Pierre-Yves Vandeweerd vient interroger la mémoire des survivants des massacres des années qui suivirent la décolonisation espagnole et tenter d’approcher le mur de sable. Le film se construit sur des évocations et des associations, faisant rimer les gros plans sur les visages de réfugiés sahraouis avec les pas des soldats du Front de Libération du Sahara occidental (Polisario) dans le reg, le visage tourné vers le mur, ou encore les mouvements du vent sur le sable, auxquels fait écho le grain de la pellicule. Le choix du Noir & Blanc, d’abord surprenant, s’avère néanmoins justifié, cette esthétique venant, comme les témoignages, servir de tombeau aux disparus. Comme Hérodote, dont il invoque les écrits à propos des peuples du Sahara occidental au début du film, Vandeweerd est davantage un mémorialiste qu’un historien. D’emblée, le documentaire refuse un réalisme misérabiliste pour lui préférer une forme résolument poétique. Aux souvenirs des réfugiés et des soldats se greffent plusieurs légendes (celles des chameaux suicidaires ou de la caravane devenue folle à force de longer le mur de sable), qui construisent l’imaginaire du désert. Les témoignages, puissants, se passent d’images. Un homme âgé raconte ainsi comment son village, peuplé seulement de femmes et d’enfants, fut bombardé par l’aviation marocaine qui allait ensuite traquer les habitants cachés derrière les arbres ; l’horreur est vivace, exprimée sans pathos. La caméra reste fixe. Une femme raconte la fuite, la mort rôdant, et le choix, des années après son émigration, de revenir en Algérie pour y aider ses frères. À la radio, un commentateur raconte les multiples appels auprès de la communauté internationale, restés sans suite. Les réfugiés semblent plongés dans une attente infinie, une torpeur incertaine. S’éloignant ensuite de ces campements de fortune, la caméra se rapproche de plus en plus du mur, auprès de l’armée du Polisario. Des pierres érigées ça et là en guise de cimetières viennent seules troubler le paysage. De fait, la narration est relativement lente, ténue, et si on se laisse aller parfois à penser à autre chose, c’est pour mieux revenir ensuite au propos du film, grâce à un plan particulièrement envoûtant - comme celui de ce soldat qui verse et reverse du thé - ou au témoignage d’un ancien, dont la sagesse force l’admiration. Il met en lumière les fragments du récit documentaire : cette guerre en suspens ne prive pas seulement un peuple de son territoire mais aussi de sa culture et de sa mémoire.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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