La Vie murmurée (2010) Marie-Francine Le Jalu, Gilles Sionnet

Pays de productionFrance
Sortie en France30 novembre 2011
Procédé image35 mm - Couleur
Durée102 mn
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Générique technique

RéalisateurMarie-Francine Le Jalu
RéalisateurGilles Sionnet
Société de production Des Films Nuit et Jour
Distributeur d'origine Ciné Classic (Paris)
Directeur de la photographieTakanobu Kato
Directeur de la photographieYutaka Yamazaki
Ingénieur du sonAkihiko Suzuki
Ingénieur du sonEmmanuel Angrand
MonteurMarie-Francine Le Jalu
MonteurGilles Sionnet

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

M-F. Le Jalu et G. Sionnet, tous deux réalisateurs de documentaires, signent ici une collaboration inédite, pour leur premier film diffusé au cinéma. La Vie murmurée articule les vies d’habitants du Tokyo d’aujourd’hui autour d’une figure emblématique de la littérature nippone : Osamu Dazaï (1909-1948). Cet auteur, méconnu en Occident, est le plus lu au Japon depuis vingt ans. Décrit comme un homme passionné, romantique, Dazaï a mené une vie chaotique et torturée, marquée par une addiction précoce à la morphine, qui a longtemps nui à sa création et à son succès littéraire, ponctuée par de nombreuses tentatives de suicide, avant qu’il ne mette véritablement fin à ses jours en 1948 (en compagnie de son amante). Dans La Déchéance d’un homme, son roman-phare, il décrit son mal de vivre, ses idéaux politiques (communistes) et son "utopie des faibles", et pose la question fondamentale de la vie, de son sens, et de sa "normalité". Les réalisateurs ont opté pour un parti pris des plus pertinents, en évitant de faire une biographie frontale et linéaire de Dazaï. Ils ont plutôt cherché à cerner, en creux, l’ampleur et la nature de l’influence que son oeuvre et son mode de vie (les deux étant en totale cohérence) ont exercé jusqu’à aujourd’hui. Le film mêle ainsi les portraits de fans de Dazaï, que les réalisateurs ont, pour la plupart, rencontrés sur la tombe de l’écrivain à l’anniversaire de sa mort. D’âges, de sexes et de milieux sociaux les plus divers, ils portent tous en eux l’écho de son travail. Vice-préfet de Tokyo, chanteuse de punk-rock, dessinatrice de manga, étudiant indécis, tous entretiennent un rapport particulier avec l’auteur, dont ils ont le sentiment de partager les doutes et les questionnements, plus d’un demi-siècle après sa mort. Tous cherchent, à leur manière, la frontière sur laquelle évoluer, toujours en équilibre entre résignation morne et insouciance exaltée. Par petites touches, au détour d’une phrase, d’un geste, ou d’un moment d’intimité avec les intervenants, c’est tout le mal-être de la société moderne qui apparaît, en filigrane. Lorsque Kenji parle de la peur qu’il a que sa femme, Risa, dont il connaît les penchants suicidaires, cède à l’envie de se jeter sous un train quand elle se promène en ville, le film transmet une émotion rarement ressentie dans un documentaire. Et même, la simple image d’elle attendant le passage d’un train à un passage à niveau fait naître une angoisse bien plus tangible que celle qu’un personnage de fiction aurait pu susciter. La lucidité de Risa face à son mal de vivre est frappante, et le fait qu’elle en parle naturellement devant la caméra, comme d’un simple trait de caractère, témoigne de la pudeur et de la force des liens qu’ont su tisser les réalisateurs avec les personnes qu’ils filment. À travers les interviews, chacun raconte comment il arrive à vivre, entre pragmatisme et rêverie, livrant avec honnêteté ses frustrations, ses rêves, ses excès et ses faiblesses. L’effet de miroir du film fonctionne parfaitement, et on en ressort troublé et ébranlé.
© LES FICHES DU CINEMA 2011
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