Africa, le sang et la beauté (2010) Serge Yastreb, Anastasia Yastreb

Pays de productionFrance ; Russie
Sortie en France04 janvier 2012
Durée87 mn
>> Rechercher "Africa, le sang et la beauté" dans le catalogue Ciné-Ressources
imprimer

Générique technique

RéalisateurSerge Yastreb
RéalisateurAnastasia Yastreb
ScénaristeSerge Yastreb
ScénaristeOlga Vershinina
Société de production Yastreb Film (Moscou)
Société de production Eurowide Film Production (Paris)
ProducteurClaudie Ossard
ProducteurChris Bolzli
ProducteurSerge Yastreb
Distributeur d'origine Damned Distribution (Paris)
Directeur de la photographieElisbar Karavaev
MonteurOlga Vershinina
MonteurKirill Sakharnov

générique artistique

Lambert Wilson(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Subjugués par leur propre découverte de l’Afrique et des peuples archaïques qui occupent de façon sporadique, et dans une sorte de gel temporel, son vaste territoire, les réalisateurs russes Anastasia & Serge Yastreb ont choisi, avec Africa, la forme du documentaire pour faire partager leur expérience et la rendre féconde. Le film s’inscrit dans la volonté explicite, puisqu’affirmée en exergue - sous la forme d’une déclaration d’amour à l’Afrique - et en épilogue - sous la forme d’un avertissement chiffré, quant à la menace d’extinction des cultures primitives - de faire connaître à l’Est européen les différentes tribus du Cameroun, d’Éthiopie, de Namibie, du Botswana, du Mali et du Maroc, qui vivent dans un état originel, sous l’augure nécessairement funeste de "notre" progrès. Mais malgré ce généreux objectif de pédagogie et de sensibilisation, les réalisateurs ne font que survoler les civilisations et pointer, sans ordre ni hiérarchisation, quelques aspects typiques et exotiques de leurs cultures et de leurs rites. On est naturellement sous le charme des couleurs chatoyantes des paysages, des haillons princiers des hommes, et des atours splendides des femmes : rien de plus facile et de moins méritoire que d’emporter une adhésion d’ordre esthétique et une empathie fondée sur l’humanité, la sensibilité et l’étrangeté. Le problème vient de ce que rien de structurel ni de proprement cinématographique ne soutient cette capture sans ambivalence, de ce qu’aucun programme ne semble accompagner le projet jusqu’à son seuil, et au-delà. Peinant à justifier le premier mouvement du titre du documentaire - le sang - et à offrir plus que des clichés (dans le sens photographique du terme, aussi bien que dans celui de vérités depuis longtemps épuisées par les ethnologues et autres spécialistes) à la connaissance des spectateurs, les cinéastes utilisent le commentaire et une partition musicale envahissante, pour satisfaire aux exigences de contrepoints que réclament les creux du scénario et les maladresses du montage. Les commentaires sont dits par un Lambert Wilson atonal, et enfilent des perles de naïveté et d’évidence ("souvent dans leurs jeux, les enfants imitent les adultes", allant même jusqu’à introduire (par maladresse, on veut le croire), un ethnocentrisme qui contredit les objectifs initiaux du projet. Quant à la musique, elle est à tel point présente qu’elle en devient vite horripilante, malgré la qualité des chants et des "orchestres", car elle fait barrage à l’immersion et crée une frustration irritante et stérile. Les descriptions s’enchaînent, de rites initiatiques en séances de transe, de jeux d’enfants dans la brousse en partie de chasse dans la jungle, sans que l’on s’attarde jamais sur rien. Quatre parties inégales, qui semblent avoir été décidées arbitrairement - mais qui nous sont pourtant données comme indiscutables - divisent le film pour tenter de lui insuffler une scansion didactique que leur contenu dénonce systématiquement. Au cinéma, la noblesse des intentions, la qualité du sujet, l’investissement personnel et la bonne volonté ne suffisent pas.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
Logo

Exploitation