The Green wave (2010) Ali Samadi Ahadi

Le Printemps de Téhéran : L'histoire d'une révolution 2.0

Pays de productionIran ; Allemagne
Sortie en France18 janvier 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée82 mn
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Générique technique

RéalisateurAli Samadi Ahadi
Distributeur d'origine DistriB Films (Neuilly sur Seine)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

En 1979, les forces islamistes qui, lors de la révolution iranienne, s’étaient distinguées aux côtés des forces ouvrières, se sont attirées les faveurs des grands partis politiques du pays et, à l’étranger, des services secrets anglo-saxons. Leur accession au pouvoir en fut ainsi facilitée. Depuis, ils usurpent les idéaux des insurgés, ceux-là mêmes qui nourrissaient la révolte contre le Shah, et annihilent l’impact symbolique du mot "révolution", en l’associant aux institutions et aux principes théocratiques d’un pouvoir autoritaire. À la faveur des bouleversements internationaux de la fin des années 1980, les Iraniens connurent un dégel avec l’élection de Rafsandjani, plus porté sur le business que sur le Coran. Cette période se vit stoppée net, en 2005, avec l’élection de Mahmoud Ahmadinejad. Entre-temps, les Iraniens se sont mis à utiliser massivement les nouvelles technologies : les jeunes rejettent alors le modèle théocratique, en rêvant de démocratie. Ce sont eux qui, le 12 juin 2009, vont faire trembler le pouvoir, ainsi que nous l’explique le film d’Ali Samadi Ahadi. L’intérêt de celui-ci réside dans sa volonté de rendre compte, au moyen des arts numériques, d’une révolte ayant largement bénéficié des outils contemporains. Il en va ainsi du recours à l’animation (qui se réfère à Valse avec Bachir), ainsi que de l’utilisation de vidéos échangées sur les réseaux sociaux. Des images a priori antinomiques, qui produisent une certaine alchimie grâce au rendu impressionniste, pixelisé, des vidéos de mauvaise qualité. La narration se base, quant à elle, sur les écrits de milliers de blogueurs ayant participé à l’insurrection, rendant ainsi justice à la modernité de la révolte des Iraniens. Les récits des personnages d’Ahadi sont entrecoupés par des interviews de militants iraniens des droits de l’Homme qui, s’ils détonnent esthétiquement, se révèlent passionnants. Loin de tout manichéisme, il donne la parole à la police spéciale, par le biais notamment d’un personnage expliquant comment, après avoir obéi aux ordres de son supérieur, il s’est trouvé entraîné dans une spirale d’ultra-violence. Conscient de l’ampleur de la révolte, il a tué par peur d’être tué. Un engrenage qu’auront habilement utilisé les mollahs... Le documentaire pèche pourtant par sa vision simplificatrice de la violence d’État, ici dénoncée comme primitive. On sait pourtant que le pouvoir en place est à l’image de sa population : organisé, techniquement moderne, très au fait des outils numériques. Si beaucoup de manifestants furent arrêtés au cours des manifestations, une part non négligeable d’entre eux fut écoutée et pistée grâce à des logiciels espions. L’oubli semble d’autant plus dommage qu’Ahadi réside en Allemagne, pays dont proviennent en partie les capitaux de Nokia-Siemens qui, en accord avec le gouvernement allemand, a vendu à l’Iran ces armes numériques, optimisant ainsi le pouvoir de répression des mollahs. Car l’histoire de cette révolution 2.0, c’est aussi celle d’une contre-révolution, au sein de laquelle démocraties et tyrannies s’associent pour tirer des bénéfices financiers et politiques. Il est un peu regrettable d’éluder la question.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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