Tahrir, place de la Libération (2011) Stefano Savona

Pays de productionFrance ; Italie
Sortie en France25 janvier 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée90 mn
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Générique technique

RéalisateurStefano Savona
ScénaristeStefano Savona
Société de production Picofilms (Paris)
Société de production Dugong Production (Roma)
ProducteurPenelope Bortoluzzi
ProducteurMarco Alessi
Distributeur d'origine Jour2Fête (Paris)
Directeur de la photographieStefano Savona
Ingénieur du sonStefano Savona
MixeurJean Mallet
MonteurPenelope Bortoluzzi

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"Tahrir vient grossir les rangs des films tournés dans la foulée du "Printemps arabe". Faisant de l’emblématique Place Tahrir son seul décor, le film y enregistre le saut de l’individuel au collectif, ce moment où des individus d’origines et de conditions diverses se reconnaissent en tant que peuple, libèrent une parole longtemps tue et s’emparent de leur avenir commun. En témoigne l’un des leitmotivs du film, ce slogan tantôt scandé, off, par une voix de femme, tantôt repris, sur la place, par la foule des manifestants. En somme, ce que donne à voir l’oeuvre de Stefano Savona, c’est rien moins que l’émergence d’une démocratie, ainsi que certaines des questions que, implicitement, celle-ci suggère. La démocratie réelle n’est-elle qu’un temps - inaugural - des systèmes que nous appelons "démocraties" ? Ceux-ci ne sont-ils que l’ombre portée des révolutions, dans laquelle la volonté des peuples s’exerce sans délais ni intermédiaires ? Au passage, le film offre aussi une lecture cruelle des événements actuels, quand, une fois la démission de Moubarak officielle, une femme s’inquiète d’abandonner le pouvoir entre les mains des militaires - ceux-ci s’étant livrés, depuis, à une répression criminelle. Enfin, convenons que certaines images (l’hommage rendu par un retraité à la jeunesse de son pays, l’émotion suscitée par l’annonce de la chute du raïs) portent leur pesant d’une indéniable émotion. Dès lors, d’où vient la déception que crée Tahrir ? De ce que l’intention, infiniment louable, de saisir la démocratie en son épicentre, ne livre rien de neuf au regard des quantités d’images déjà produites. Savona aime à dire que, "dans de tels événements, il y a quelque chose d’éphémère que seul le cinéma peut fixer et recueillir". Si son credo témoigne d’une foi touchante en son art, nul doute qu’il procède aussi d’une forme de déni de ce qui, ces dernières années, a changé. Informations partagées en temps réel sur les réseaux sociaux, vidéos filmées sur des téléphones portables et relayées, sans délai, via YouTube, couverture médiatique massive via les chaînes d’information en continu (i-Télé, BFM et consorts ayant couvert massivement les événements du "Printemps arabe") : Tahrir donne l’impression d’arriver - pour paraphraser le titre du tout dernier film de Yousry Nasrallah, consacré lui aussi à la révolution égyptienne [v.p. 98] - "après la bataille". Plus que le cinéma, c’est l’image en général - ses formats, ses acteurs, ses modalités de diffusion - qui a muté. Quel est, dès lors, l’objet d’un documentaire, s’il se contente de redoubler, près d’un an après les faits, les vidéos d’amateurs et les images d’actualités ? À l’enregistrement de l’urgence devrait se substituer l’émergence d’un point de vue et, plutôt que le temps de l’immédiateté, le cinéma serait alors celui d’une mise en perspective. Or, du statut de témoin à celui d’auteur, le pas n’est jamais franchi par Savona. Un certain cinéma, sans doute, a été pris de vitesse par les révolutions en cours - pas moins techniques et esthétiques, en somme, que sociales et politiques -, comme l’ont été les régimes vieillissants d’Égypte ou de Tunisie. "
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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