Synopsis
1er juillet 2009 : la baisse de la TVA dans la restauration (de 19,6% à 5,5%) entre en application. Devant les micros et les caméras, la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, arpente les restaurants et bistrots d’un grand boulevard pour célébrer la mise en oeuvre de cette promesse phare de la campagne du candidat Nicolas Sarkozy. Parmi la foule des journalistes : Xavier Denamur, producteur et source d’inspiration du documentaire. Dès les premiers plans, la position de celui-ci, restaurateur et entrepreneur (il possède cinq établissements dans le Marais) sur cette mesure, est claire : il s’agit d’un scandale, d’un cadeau électoral bien plus que d’un coup de pouce à la consommation, à l’embauche ou aux salaires des employés de la restauration. Sous l’oeil des caméras de Jacques Goldstein, il va donc s’efforcer de le démontrer. Comme s’il était un Michael Moore français, nous allons donc le suivre dans les coulisses de l’Assemblée, des syndicats ou des restaurants, pour constater comment sont dépensés et partagés les 2,5 milliards d’euros que coûte cette politique à l’État. Grâce à la personnalité de Denamur, grande gueule, mais attachant et engagé, ce décryptage d’une mesure politique pourtant aride se transforme en feuilleton. Il pointe avec malice les maladresses du discours de Sarkozy sur la baisse de la TVA, ou encore sa tactique consistant à faire passer cette mesure hautement controversée sous la forme d’un amendement du gouvernement, glissé au sein d’une loi fourre-tout sur la modernisation du tourisme. Il nous entraîne aussi au coeur de négociations passionnantes et tendues entre l’État et les professionnels de la restauration, autour du contrat d’avenir visant à répartir équitablement les répercussions positives de la baisse de la TVA (baisse des prix, embauches, marges...). Mais le documentaire se concentre plus volontiers sur la "cuisine politique", délaissant presque la cuisine où se fabrique la malbouffe. Quelques rencontres et interviews de médecins, agriculteurs ou restaurateurs permettent toutefois de s’intéresser aux véritables raisons de la malbouffe industrialisation, production agricole) et de pointer - sans les développer suffisamment, sans doute - les multiples enjeux du sujet (la question de la malbouffe est naturellement liée à celle du développement de l’obésité, comme le pointent les nutritionnistes). Certes, le sujet a déjà fait l’objet de nombre d’excellents documentaires (Super Size Me de Morgan Spurlock, Food, Inc. de Robert Kenner ou Notre poison quotidien de Marie-Monique Robin) et est déjà largement présent dans le débat public. Dans République de la malbouffe, la description des dérives des fast-foods, des restaurateurs qui abusent des produits industriels pré-préparés ou de l’agriculture intensive n’est pourtant qu’esquissée, et ne donne pas tout à fait la mesure de l’enjeu de santé publique. Pour tenter de proposer des alternatives, Denamur organise des États généraux de la restauration. Les interventions des spécialistes ne laissent pourtant pas entrevoir les grandes lignes d’une politique de la "bonne bouffe"... On reste donc sur notre faim.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
