My land (2011) Nabil Ayouch

My land

Pays de productionMaroc ; France
Sortie en France08 février 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée82 mn
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Générique technique

RéalisateurNabil Ayouch
Société de production Ali n' Productions (Casablanca)
Société de production Les Films du Nouveau Monde
ProducteurNabil Ayouch
ProducteurEric Ellena
ProducteurGérard Vaugeois
Distributeur d'origine Les Films de l'Atalante (Paris)

générique artistique

Nabil Ayouch(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Le cinéaste Nabil Ayouch (découvert à Cannes en 1999 avec Mektoub, et qui a depuis signé Ali Zaoua, prince de la rue et Whatever Lola Wants) réalise ici son premier documentaire. Né d’un père musulman marocain et d’une mère juive d’origine tunisienne, il a été fortement marqué par les conflits israélo-palestiniens, dont il tente, avec My Land, de dresser un tableau d’actualité à échelle humaine. Un sujet devenu tellement balisé, via les médias en tous genres (cinéma, littérature, télévision), qu’on peut se demander s’il est encore possible de l’aborder avec un regard pertinent. La réponse est "oui", car Ayouch a mis en place un procédé assez novateur : il est allé dans un premier temps interviewer des Palestiniens expulsés de leurs villages en 1948, lors de la première guerre israélo-palestinienne, et, pour la plupart, réfugiés au Liban. Ensuite, il a rencontré la jeune génération d’Israéliens qui vit aujourd’hui dans ces villages et, en leur montrant ces interviews (il les filme en train de regarder les images sur un ordinateur portable), les a confrontés à ce passé violent, qui a rendu possible leur vie actuelle. La première étape est donc un travail de mémoire, puisque, bien souvent, ces jeunes gens ne sont pas très au fait de ces événements, ou en ont une vision unilatérale. Ensuite, c’est un travail émotionnel : comment réagir à ces témoignages terribles de familles forcées de quitter leurs villages sous la menace des armes, et cantonnées depuis dans des ghettos ou des camps de réfugiés ? D’autant que les paroles de ces vieilles personnes, qui ont toutes aux alentours de 80 ans, sont dépourvues de tout accent haineux ou revanchard : leur discours est nostalgique, amer, mais aussi très lucide et réfléchi. Chez les jeunes, les sentiments se bousculent, parfois contradictoires : après la gêne, la compassion - ou, au contraire, son absence totale -, la prise de conscience ou le déni de la manière (atroce et avérée) dont l’armée a, à l’époque, procédé à l’expulsion de 800 000 Palestiniens, en commettant des massacres aléatoires de civils. Mais, et c’est là toute l’intelligence du film, pas de culpabilité : les jeunes interviewés n’étaient pas nés lors des faits. Ainsi, plutôt que d’alimenter les rancoeurs, ou de chercher à désigner les bourreaux et les victimes, My Land se tourne résolument vers le futur : vers la possibilité d’une nouvelle cohabitation entre juifs et musulmans, qui, comme le rappelle avec nostalgie un vieil habitant, partageaient, avant la création de l’État d’Israël, la même terre, les mêmes emplois, la même vie. Il est important de rappeler que c’est, paradoxalement, la création d’une entité étatique (en 1948), censée symboliser la possibilité d’une vie en société, qui a entraîné la spirale infernale dont on ne voit, bientôt vingt ans après la signature des accords d’Oslo, toujours pas le bout. La démarche pragmatique d’Ayouch s’impose comme la seule viable : mettre l’Histoire en images et en mots afin de s’en détacher, et de pouvoir mener de façon bien distincte la réparation du passé et la construction de l’avenir.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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