La Martinique aux Martiniquais - L'affaire de l'OJAM (2011) Camille Mauduech

Pays de productionFrance
Sortie en France18 avril 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée128 mn
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Générique technique

RéalisateurCamille Mauduech
ScénaristeCamille Mauduech
Société de production Les Films du Marigot (Paris)
ProducteurLudovic Naar
Distributeur d'origine Les Films du Marigot (Paris)
Directeur de la photographieSébastien Saadoun
Directeur de la photographieSébastien Naar
Ingénieur du sonKamal Ouazene
MixeurWilliams Schmit
MonteurBénédicte Teiger

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Le 20 décembre 1959, à Fort de France, un banal incident de la circulation, entre la Vespa d’un Noir et l’automobile d’un Blanc, donna lieu à plusieurs jours de manifestations qui, réprimées par les CRS, se soldèrent par trois morts du côté des manifestants. À partir de ce drame fondateur, symptomatique du malaise et des non-dits qui régnaient alors en Martinique, s’organisèrent plusieurs mouvements qui tentèrent, au fil des années, dans le contexte des décolonisations et en particulier de la guerre d’Algérie, de fédérer les aspirations autonomistes et indépendantistes des Antilles. Mais les dissensions entre les différents courants, certains prônant l’action légale, d’autres l’action armée ; le décalage entre les îles et la métropole, creuset de la réflexion d’étudiants et intellectuels de la diaspora antillaise ; et surtout, in fine, la volonté de l’État, à peine sorti du conflit algérien, de ne pas laisser se "fellaghaliser" ces revendications, conduisirent à l’échec de ces tentatives. C’est en décembre 1962 que s’étaient cristallisées ces luttes, sous la forme d’un tract nationaliste, intitulé "La Martinique aux Martiniquais" affiché en une nuit dans toute la Martinique, et signé de l’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique). Proche du Parti Communiste, l’OJAM avait deux visages : l’un, officiel, en Martinique et l’autre, clandestin, en métropole, où il était porté par des personnalités médiatiques antillaises comme Marcel Manville, avocat au barreau de Paris et défenseur du FLN, qui ne seront pas inquiétées par les autorités. En revanche, dix-huit jeunes Martiniquais seront emmenés à Paris, jugés et condamnés en 1963 pour atteinte à l’intégrité du territoire national, à des peines d’emprisonnement commuées par la suite en sursis. C’est ainsi que le pouvoir tua dans l’oeuf, au bout de 143 jours d’existence, une organisation qu’il pensait menaçante. Auteure en 2008 de Les 16 de Basse-Pointe, la réalisatrice martiniquaise Camille Mauduech continue ici de fouiller l’histoire de son île, et par là même son rapport avec le pouvoir central, et d’en exhumer les épisodes marquants, ignorés de la plupart des "métros". Elle le fait avec un constant souci d’exhaustivité et revendique la livraison d’un matériau brut, fait de témoignages des acteurs et de relation des faits, à charge au spectateur d’établir liens et hiérarchie des informations. Belle et noble intention. Le problème est que, de ce sujet intéressant et assez méconnu, elle nous livre du coup une vision rendue austère par le dispositif des entretiens - plans fixes frontaux - et finalement ennuyeuse par son choix scrupuleux de respecter la minutie des récits. En voulant impliquer le spectateur au coeur des événements racontés, elle l’égare sous une avalanche de détails circonstanciels et asphyxie son propos. À force de se garder d’imposer un point de vue, elle oublie d’adopter un angle. Par crainte, semble-t-il, de ne pas être parfaitement fidèle à ses intervenants, elle se refuse à couper leurs paroles et donc à construire une oeuvre plus digeste et plus personnelle. Dommage.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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