L'Affaire Chebeya, un crime d'état (2011) Thierry Michel

L'Affaire Chebeya, un crime d'état

Pays de productionBelgique
Sortie en France04 avril 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée94 mn
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Générique technique

RéalisateurThierry Michel
ScénaristeThierry Michel
Société de production Les Films de la Passerelle (Liège)
Producteur déléguéChristine Pireaux
Distributeur d'origine Les Films du Paradoxe
CadreurThierry Michel
MixeurFrançois Fripiat
MonteurIdriss Gabel

générique artistique

Rachid Benbouchta(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Thierry Michel n’en est pas à son coup d’essai. Documentariste chevronné, il a déjà réalisé plus de sept films en Afrique, dont plusieurs en République Démocratique du Congo (Mobutu, Roi du Zaïre, Congo River...). Il s’attaque là à un sujet en or : l’assassinat du Congolais Floribert Chebeya, militant des droits de l’Homme, qui avait survécu à la dictature de Mobutu, et luttait contre les écarts commis par le gouvernement soi-disant démocratique de Kabila. Grossièrement maquillée en crime sexuel, la mort de Chebeya se révèle évidemment plus politique qu’il y semblait de prime abord. Car celui-ci, à l’heure de son assassinat, avait justement rendez-vous avec la police congolaise, et multipliait, à l’aube du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo, les enquêtes sur des sujets sensibles en matière de droits de l’Homme. Il fallait de toute évidence faire taire le directeur de "La Voix des sans voix", association gênant le pouvoir en place... Mais le peuple n’est pas dupe et s’en indigne bientôt. Une enquête s’ouvre alors : quatre policiers, dont leur dirigeant, le général Numbi, sont mis en examen. Ce procès constitue le coeur du film de Thierry Michel. Un procès partial, où juges et parties défendent les intérêts des indéfendables, et où, par extension, tout un peuple s’oppose à ses dirigeants. Le film prend la tournure d’une véritable tragi-comédie politique lorsque s’amoncellent mensonges, jeux d’acteurs plus ou moins convaincants, tristesse et colère d’un peuple conscient du dysfonctionnement de son système politique. Le rire du spectateur est nerveux, lui qui se trouve impuissant face à la veuve de Chebeya, forcée de s’exiler et accusée de déserter par ceux-là mêmes qui la menacent. Et l’on passe ainsi, tour à tour, d’un rire jaune à un sentiment de frustration, à mesure que les fils de l’enquête se mêlent et se démêlent devant l’oeil désespérément serein des accusés, qui savent pertinemment qu’ils ont le pouvoir de leur côté. Ce que Thierry Michel parvient d’ailleurs à capter : il prend parti, se place résolument du côté du peuple, filmant les accusés comme de sales gosses inconscients. En ce sens, c’est bien sûr un film d’utilité publique, car la caméra de Thierry Michel pallie à elle seule les manquements judiciaires. Sans nier les évidences, elle rend sa dignité à Floribert Chebeya. Si quelques accusés sont finalement condamnés, c’est de façon dérisoire, en regard de l’évidence et de la gravité des faits : certains sont simplement déchus de leurs fonctions, lorsque les plus puissants, eux, en sortent indemnes. Dès lors, la seule limite du film est sans doute sa facture technique. Le montage, brouillon et désordonné, en devient parfois labyrinthique. Car le souci d’exhaustivité du réalisateur aurait mérité davantage de moyens et de clarté, pour que la forme s’élève à la hauteur du propos. Mais cela ne constitue en rien une raison suffisante pour manquer en salles ce film utile et édifiant. Une fois imprégnés de la parole de Floribert Chebeya, et son visage à l’esprit, on ressort avec une noble envie de justice et de liberté, aux aguets comme jamais.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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