Vol spécial (2011) Fernand Melgar

Vol spécial

Pays de productionSuisse
Sortie en France28 mars 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée101 mn
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Générique technique

RéalisateurFernand Melgar
Assistant réalisateurElise Shubs
Société de production Climage (Lausanne)
Coproduction RTS - Radio Télévision Suisse (Genève ; Lausanne)
Coproduction SRG SSR Idée Suisse
Coproduction Arte France Unité Documentaires
ProducteurFernand Melgar
CoproducteurIrène Challand
CoproducteurGaspard Lamunière
CoproducteurAlberto Chollet
CoproducteurUrs Fitze
CoproducteurAnnie Bataillard
CoproducteurChristian Cools
Producteur exécutifStéphane Goël
Producteur exécutifElise Shubs
Distributeur d'origine Dissidenz Films
Directeur de la photographieDenis Jutzeler
Ingénieur du sonChristophe Giovannoni
MixeurGabriel Hafner
MixeurFrançois Musy
Compositeur de la musique originaleWandifa Njie
MonteurKarine Sudan
GraphisteJanka Rahm

générique artistique

Geordry(dans son propre rôle)
Ragip(dans son propre rôle)
Jeton(dans son propre rôle)
Serge(dans son propre rôle)
Julius(dans son propre rôle)
Alain(dans son propre rôle)
Jean-Michel Claude(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Au Festival de Locarno en 2011, Vol spécial s’est retrouvé au centre d’une controverse qui, selon les dires mêmes de son réalisateur, l’a finalement servi. Paulo Branco, président du Jury, l’a en effet accusé d’être un film fasciste. Mais, après que Bertrand Tavernier a volé au secours de l’oeuvre, beaucoup d’autres ont suivi cet exemple par articles interposés. L’affaire a donc ouvert à Vol spécial un espace médiatique et lui a donc permis d’avoir une certaine visibilité. Ce film est le nouveau documentaire d’un réalisateur ayant déjà une solide carrière (La Forteresse [v.p. 284]). Il se concentre ici sur un thème déjà exploré au cinéma - mais dans un cadre fictionnel - par le film belge Illégal (2010). L’univers dépeint est celui des centres de rétention suisses, où attendent des immigrés illégaux arrêtés (parmi eux, certains vivaient depuis des années en Suisse et y avaient fondé une famille). Chacun sait pertinemment que tous, à de très rares exceptions près, seront expulsés. D’emblée, Vol spécial surprend en posant sa caméra dans un lieu qui échappe totalement aux clichés. Tous les "gardes" font preuve de beaucoup de tact et de respect dans leurs échanges avec les "prisonniers", et la volonté de les traiter humainement est sans cesse perceptible. Sans aucune voix off (qui permettrait trop facilement au spectateur de se repérer moralement), Vol spécial explore le quotidien de ces hommes malheureux, et de leurs gardiens, visiblement animés des meilleures intentions. Et pourtant... Le malaise surgit, lorsque nous sommes rappelés à la véritable finalité du séjour : les expulsions, qui donnent lieu à de glaçantes et bureaucratiques scènes d’interrogatoires, et débouchent sur une tragédie finale qui ne peut que choquer. Parce que le film ne présente pas radicalement les responsables du centre comme des "méchants", on a pu accuser Melgar de complaisance à leur égard. Or, c’est tout le contraire. Le film montre avec finesse la manière dont la politesse, l’attention et même le dévouement de ces hommes n’en restent pas moins au service d’un emprisonnement souvent incompréhensible, et n’enlèvent rien à la violence fondamentale des procédures d’expulsion Pour ces individus, emprisonnés au seul motif qu’ils ont voulu vivre en Suisse, les bonnes manières apparaissent rapidement comme une maigre consolation. Mais, plus encore, en ne faisant pas des gardiens les boucs émissaires du problème décrit, Vol spécial s’ouvre à une autre dimension. Ces hommes n’ont rien de repoussant, et chacun peut s’identifier à eux. Le malaise n’en est que plus grand, et la question sous-jacente n’en est que plus vitale : et si, plutôt que celle d’une poignée d’hommes, c’était bien la faute d’un système (de pensées ou d’État) dont nous faisons tous partie, nous rendant ainsi tous coupables ? Illégal parvenait à créer de l’empathie, un sentiment de révolte et une identification avec les victimes. Vol spécial, lui, va bien plus loin, en nous mettant non pas face à l’injustice primaire, mais face à notre complicité. Cette banalisation du mal est la révélation du film : elle lui confère sa force et en fait une des oeuvres politiques les plus fulgurantes et essentielles du moment.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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