La Nuit nomade (2011) Marianne Chaud

Pays de productionFrance
Sortie en France04 avril 2012
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Générique technique

RéalisateurMarianne Chaud
Assistant réalisateurMaximilian Essayie
Société de production Zed (Paris)
Société de production Arte France Cinéma
ProducteurManuel Catteau
Distributeur d'origine Zed (Paris)
Directeur de la photographieMarianne Chaud
Ingénieur du sonMarianne Chaud
MixeurThierry Delor
Compositeur de la musique originaleOlivier Bernet
MonteurMuriel Breton

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Marianne Chaud, réalisatrice et ethnologue, a consacré sa thèse de doctorat à la relation des hommes à leur territoire dans la région himalayenne du Ladakh-Zanskar, aux confins extrêmes du nord de l’Inde, à la frontière du Tibet chinois et du Pakistan. C’est une terre qui, manifestement, l’obsède depuis dix ans. Mais comment ne pas être effectivement et durablement saisi devant tant de majesté. C’est ainsi qu’après Himalaya, le chemin du ciel qui était consacré aux enfants et qui a reçu le César du meilleur documentaire en 2010, elle a continué avec Himalaya, la terre des femmes [v.p. 312]. Avec ce troisième volet, elle complète une très empathique peinture de ce désert d’altitude, qui abrite des populations nomades. Ici, c’est au tour des Ladakhi. En majorité bouddhistes, ils sont réputés pour leur gentillesse et la nonchalance tranquille avec laquelle ils prennent soin de leurs troupeaux de chèvres et de yaks. La réalisatrice, partie seule en immersion totale durant six mois avec des panneaux solaires pour recharger les batteries de ses appareils, les observe avec une folle tendresse. La connivence qui s’établit entre elle, qui parle avec aisance leur langue et eux qui, taquins, la questionnent sur sa vie quotidienne en France, permet à la curiosité de circuler et de s’établir réciproquement. Comme elle les observe, elle est observée. Et par nous aussi, spectateurs. Cette sorte de mise en abyme ethnologique donne sa profondeur au documentaire. En outre, elle ouvre une réflexion sur l’avenir de la vie nomade. Elle filme sans doute parmi les dernières migrations de ces populations, aujourd’hui absorbées définitivement par la mondialisation et l’obligation, autant que la volonté, de scolariser désormais leurs enfants à la ville. Ils vendent donc, et c’est un arrachement, leurs derniers troupeaux. Ils abandonnent leur terre, leur habitat traditionnel, leur façon de socialiser mais aussi l’extrême âpreté de leurs conditions de vie, la rudesse insoupçonnée des hivers himalayens frappant l’immensité minérale et l’absence structurelle de confort, pour s’en aller à la ville vivre auprès de leurs enfants avec, fichée au coeur, la sourde culpabilité d’avoir trahi les ancêtres et abandonné les parents. C’est l’histoire de ce basculement que nous raconte Marianne Chaud : le moment où l’ordre de l’économie de marché remplace les règles immémoriales de l’autosubsistance. Un basculement que, identité de situation, le village des Hautes-Alpes dont elle est issue a connu, en assistant, en l’espace d’une génération, à la définitive sortie du mode de vie agricole. Ici c’est l’instant I d’un monde qui irrémédiablement finit sous le ciel immense, dans la plaine pierreuse, venteuse et parcimonieuse. Une civilisation déjà disparue sans que ces hommes, à la fois si joyeux et si graves, si fragiles et audacieux, ne sachent ce qui les attend, si ce n’est être des sacrifiés, c’est-à-dire se retrouver ouvriers journaliers, payés à vil prix. Cette Nuit nomade, quoique, certes, un peu formelle parfois, est l’histoire d’une sublime mélancolie qui nous investit : celle d’un monde multiséculaire et pourtant déjà presque oublié.
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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