Echangeriez-vous votre voiture contre deux Trabant ? (2010) Patrick Viret

Pays de productionFrance
Sortie en France04 avril 2012
Procédé image35 mm - Couleur
Durée103 mn
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Générique technique

RéalisateurPatrick Viret
ScénaristePatrick Viret
Société de production Les Films du Viaduc

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"Quoi de plus banal qu’un rayon de supermarché ? Comment "penser" un étal de grand magasin ? C’est l’abîme rencontré par la raison, à partir duquel Yves Hélias et Pierre Bazantay, deux universitaires rennais, ont créé "la Banalyse", mouvement idéologique se suffisant à lui-même, dont les préceptes et les applications consacrent le banal, à partir de rien et en fonction d’une indétermination et d’une inefficacité qui lui sont intrinsèques. Ce mouvement, initié en 1982, se poursuivit dix années durant, par le biais de congrès ordinaires réunis sur le quai des Fades, chaque troisième week-end de juin, une halte ferroviaire du Puy-de-Dôme, qui a pour elle de ne présenter aucun attrait d’aucun ordre, et par conséquent de permettre aux "ressources de l’esprit" d’y être "pleinement exploitables". L’insolite de cette posture, aussi absconse que farfelue, est en lui-même un sujet de réflexion et mérite d’être pensé, et pourquoi pas dans un documentaire ? D’autant plus que cet antimouvement s’est développé de manière tout à fait inattendue et a traversé les frontières pour se voir décliné, notamment, en ex-Tchécoslovaquie sous la forme des Rendez-vous de Branik, soit "9 minutes de pure attente" à un terminus de tramway, dans une banlieue vide de Prague. Patrick Viret choisit d’en faire un film et se propose de capter l’essence d’un mouvement et d’une pensée qui ne reposent eux-mêmes sur rien d’autre que la vacuité qui les constitue : un défi, donc, mais qui n’est pas complètement relevé. Le cinéaste pense son documentaire en deux parties : "Les Fades" et "Branik". Il filme d’abord le VIe Congrès français et gagne son pari : intéresser le spectateur à la proposition de passer son temps en le perdant, piquer sa curiosité, l’attirer dans le tunnel aveugle d’un non-événement, et susciter une réflexion en réaction et pour une résistance qui le dépasse : sur l’opulence, le consumérisme et son pendant concrétisé. Il parvient à saisir le miracle de l’insignifiant qui fait sens malgré lui. C’est dans sa seconde partie que le prodige désenfle d’un coup brutal (pour finir, heureusement, aussi platement qu’il sied à une philosophie qui refuse tout relief). Dans ce second volet, le réalisateur change radicalement sa manière et multiplie les points de vue et les interlocuteurs : après nous avoir ouvert un espace en creux, voici qu’il le remplit jusqu’au débordement. Banalystes tchèques et français apparaissent à l’écran sans nous avoir été véritablement présentés, et commentent ou proposent un certain regard sur la ville (Prague, ses banlieues et ses pas de côté ; témoignage de son histoire passée et présente, intervention des plus jeunes pour penser son avenir). Ce flot d’images et de commentaires qui inondent l’écran pour se succéder avec rapidité, sans ligne directrice ni autre lien entre elles que - on est tenu de le deviner - la Banalyse, fait penser à une discussion animée à la fin d’un dîner bien arrosé : un moment où chacun finit par parler pour lui seul, en laissant grossir la rumeur de sa contribution particulière à son innocuité globale. "
© LES FICHES DU CINEMA 2012
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